jeudi 11 juin 2009

Qui c'est?

J’ai déjà eu l’occasion de dire tout le bien que je pensai du bricolage lors de mon évocation du supplice chinois dit « le meuble facile à monter ». Sa seule évocation est encore douloureuse à mon cœur…Ce n’est donc jamais spontanément et le sourire aux lèvres que je m’approche de ma boite de Pandore à moi.

A propos tout le monde se souvient de Pandore ? Non ? Bon alors à la demande générale je te me vais vous faire un petit retour arrière rapide. Y avait longtemps que je n’avais pas parlé de ma famille.

Or donc je vous ai déjà causé de Prométhée qui, un peu parce qu’il était sympa (trop bon trop bon c’est comme çà qu’on dit non ?) un peu aussi, faut bien le dire, parce qu’il voulait en mettre plein les yeux aux hommes, leur avait donné le feu. Ce qui avait mis Zeus, mon frérot, dans une colère noire et ensuite (je vous le fais rapide) Prométhée attaché sur son rocher avec le gros zoziau qui lui mange le foie. Bon. Mais tout çà apaisait la vengeance de Zeus envers Prométhée mais pas envers les hommes qui jusque là ne pensaient « qu’à s’ébattre dans les vertes prairies de l’insouciance » comme disait mon ami Pierrot. C’est alors que Zeus leur a jeté le mauvais œil et a ordonné la création de Pandore. Et je peux vous dire que la solidarité a joué à fond. C’est qu’on s’est tous vu finir au chômage si les hommes se mettaient à avoir les mêmes pouvoirs que nous !

Alors chacun ou presque a mis la main à la pâte. A commencer par cette mocheté d’Héphaïstos qui a sculpté la petite Pandore dans de l’argile. Puis c’est Athéna qui lui a donné la vie et montré le tricot (à l’époque on disait le tissage mais c’est pareil). Aphrodite lui donna la beauté ben oui elle avait que çà la pauvrette : c’est pour çà qu’elle est souvent représentée nue avec une cruche ; c’est d’ailleurs de là que vient l’expression « être cruche » si, si, je vous assure. Et pour finir Hermès lui apprit le mensonge et lui offrit toute la maroquinerie et le foulard. Et moi ? Ben moi rien, j’étais coucouné avec ma Perséphone au fin fond des enfers et j’avais autre chose à faire que de m’occuper de la liste de mariage de Pandore !

Justement Zeus offrit Pandore en mariage au frère de Prométhée qui s’intitulait Epiméthée (Merci les parents : va faire les sorties d’école avec un blaze pareil toi ! Non y en a j’ te jure !) et la petite Pandore amena dans ses bagages une espèce de jarre comme qui dirait une cruche (on y vient, on y vient…) dans laquelle étaient cachés tous les malheurs de l’humanité (pas le journal hein !) et comme elle était curieuse et cruche aussi, ben un jour elle l’ouvrit la cruche justement et là : patatras ! Tous les maux des hommes s’échappèrent, tous sans exception : la guerre, la maladie, la trahison, le mensonge, les épidémies, le vice, le tournevis (pour moi c’est un malheur !), la vieillesse, les impôts, les radars, les képis, Sarkozy, Darcos, (y ont tous des noms grecs ou quoi ?) Besson (ben non il est pas grec lui pourtant vu comme il est tourne jaquette il n’a pas du taper loin non ?), Carla, qui elle aussi a bénéficié de la générosité d’Aphrodite pour sa beauté par contre comme c’est Pandore qui avait déjà récupéré la cruche elle a eu une potiche à la place mais c’est bien aussi la potiche et puis je trouve que çà lui va mieux.. Et puis aussi les joueurs et les supporters du ballon rond (pas ceux de l’ovale que j’aime parce qu’on sait pas où ça va rebondir), les chauffards du dimanche ou de la semaine, l’avarice, l’injustice, la bêtise au front de taureau, Hitler, Jean Marie, Berlusconi. Les extrémistes de tout bord. Les ayatollahs de toutes les chapelles. Les brûleurs de livres. Mr Mac Donald…..A l’instar de Prévert je pourrais continuer cet inventaire encore longtemps mais le sien faisait rêver alors que le mien fait cauchemarder. Vous imaginez la vie dans cette cruche.

Il est resté une seule chose dans la boite, jarre, potiche, cruche, (biffer les mentions inutiles) : l’espérance et pourtant nous en avons tous un peu. Mystère divin ?

Je sais plus où j’en suis du coup. Je me relis….. et…. ha oui…. quand même…. on est parti loin dans le temps et dans l’espace. Ben comme ça je te fais voyager avec un bilan carbone qui reste à zéro. Plus écolo qu’Hadès y a pas ! T’oublieras pas de me remercier.

Donc je reviens à mon propos et je m’approche de ma boite de Pandore à moi : en clair ma caisse à outils. A ce seul mot j’en connais qui sont déjà en extase. Je les ai repéré depuis longtemps les sado-maso du samedi après-midi. Les arpenteurs de Leroy Merlin, les activistes de Castorama. Je vais être franc : il m’est bien sûr arrivé de franchir le seuil de ces enseignes mais mes pas me guidaient systématiquement vers le rayon librairie. Deux raisons à cela : d’abord comme je n’y connais rien, je suis persuadé qu’on peut apprendre le bricolage dans les bouquins ensuite dès que je sais qu’il y a des livres quelque part, y a pas, je suis comme les vieux chevaux qui retrouvent seuls leur écurie ben moi c’est la librairie. J’y peux rien je suis de la planète Gutenberg.

Donc je m’approche de ma boite à outils pour y prendre une pince multiprise. En voilà un outil qu’il est beau. Je suis sûr que Torquemada, le grand inquisiteur espagnol, n’avait pas un truc pareil dans sa panoplie de questionneur sinon les zérétiques y zauraient lâché le morceau vite fait bien fait !

Pourquoi la pince multiprise me tend elle ses petites poignées (d’amour) d’acier ? Parce qu’un lavabo fuit. Je ne veux pas dire par là qu’il abandonne lâchement la salle de bain. Non. Je veux juste préciser qu’il laisse couler l’eau qu’il reçoit. Nous sommes Samedi. Il est huit heures du matin. Mon week-end est foutu mais alors foutu !

Malgré mon incompétence crasse en bricolage en général et en plomberie en particulier je comprends qu’il faut changer un joint. Et bien je peux vous dire qu’il est plus facile, par les temps qui courent, de trouver un joint d’herbe qu’un joint en caoutchouc. Je vous le fais rapide : j’ai fini par trouver un vieux joint que j’ai baptisé « encore en état de servir » et je le remplace. Miracle ça ne fuit plus ! Serais-je devenu bon en plomberie ?

- Comment ? Que dites-vous ?
- Est ce que t’as ouvert le robinet banane ?
- Mais je ne vous permets pas !

Ah ben non j’avais pas ouvert le robinet. Remarquez pour arrêter les fuites on n’a pas trouvé mieux que de couper l’eau. Donc j’ouvre le robinet et merde !!!!!!

Ding !Dong ! En plus on sonne à la porte (on s’y croirait hein !) Tain le suspens hitchcockien ! Je hurle « Qui c’est ? » et comme je n’ai pas de réponse, en nage et en rage j’ouvre la porte : c’est Dieu. Ou tout comme puisque c’est mon pote Daniel, spécialiste en plomberie, qui passe prendre l’apéro because mine de rien il est déjà midi. J’ai failli l’embrasser sur la bouche tellement j’étais heureux de le voir là. Daniel, il est comme les toubibs, il a toujours sa trousse dans la voiture. C’est d’ailleurs un point commun entre les deux métiers : ils interviennent souvent en urgence et souvent sur des problèmes de tuyaux. Il a bien mis une grosse minute mon gars Daniel pour me réparer çà et, en plus en se foutant bien de moi et que ces fonctionnaires ça sait rien faire, etc.… etc. …

Le soir j’ai repensé à tout çà et ça m’a rappelé le regretté Fernand Raynaud et le sien de plombier qui n’avait pas pu entrer à cause de ce foutu perroquet. C’est pas moi qui laisserai cet artisan devant la porte ! N’est ce pas Daniel ?