lundi 26 octobre 2009

Les pieds nickelés

Si vous avez du temps à perdre allez le perdre entre 7h55 et 8h00 sur France Inter tous les jours de la semaine. Vous n’avez même pas besoin de demander le programme, je vous le donne : du Lundi au Mercredi c’est Stéphane Guillon qui officie, le Jeudi c’est Didier Porte qui s’y colle et la veille du week-end c’est Monsieur Morel, François de son prénom. Et si, comme moi, vous êtes coincés le matin et bien allez les retrouver sur le site de France Inter où on peut les entendre et les voir. Et croyez moi, si vous étiez coincé le matin, ils vous décoinceront le soir !!!

Cette brochette là mérite largement le détour. Les deux premiers ont ceci en commun d’être mal rasé alors que Morel est toujours propre sur lui comme l’éternel enfant de chœur qu’il semble être. A les voir, ces trois zozos n’ont apparemment rien de semblable et pourtant, ils trempent tous les trois leur plume dans le même encrier. Alors la couleur de l’encre, le style, le vocabulaire, les tournures sont différentes mais ces différences s’estompent dans le fonds du propos qui est de dénoncer les travers de notre quotidien et de celles et ceux qui le font et le défont. Ils achètent tous les trois leur plume chez le même papetier. On imagine une boutique ancienne dans une petite rue, des présentoirs en bois avec des tiroirs du même métal et là dedans des boites de carton remplies de vieilles plumes Sergent Major, bien affutées, bien acérées, qui permettent tous les pleins et les déliés qu’autorise la langue, qui supportent sans se déformer, toutes les acidités qu’exige la dénonciation, qui ne pourraient pas écrire le mot « consensus » sans faire une énorme rature.

Leur écriture respire la liberté et le manque de respect qui ne s’usent que quand on ne s’en sert pas comme disait l’autre. Il y a quelques siècles, quand il signait « Les lettres persanes », le dénommé Montesquieu ne faisait pas autre chose au risque de se faire embastiller. La forteresse de la Bastille a été remplacée par un opéra ce qui pourrait nous laisser croire que la liberté et la démocratie, une fois acquises, sont inoxydables. Que nenni ! Ils sont légions dans les arcanes du pouvoir qui, soit pour plaire au Prince, soit pas conviction personnelle, sont prêts à sacrifier nos petits espaces de vie sans état d’âme (ce qui n’est pas étonnant car il y a longtemps qu’ils ont vendue leur âme au diable).


Que Guillon et Porte me pardonnent si ma préférence va à M’sieur Morel pour sa faconde, son accent normand (quand il le reprend comme au temps des Deschiens) et son carquois plein à craquer de toutes les flèches qu’il peut mettre à son arc. Il y a du Serrault chez ce bonhomme là. Ce type est fou mais pas dangereux, le genre que l’on peut, pardon, que l’on doit laisser en liberté pour nous redonner un peu de bon sens.


Ces discours en font rire beaucoup et certains plutôt jaune. Ils en font réfléchir quelques uns et puis une petite minorité, le matin, dans le secret de leur salle de bains, en face de leur seule figure, celle à laquelle ils ne peuvent jamais mentir, doivent se trouver une sacrée sale gueule en se remémorant les trois pieds nickelés. Alors merci aux Croquignol, Filochard et Ribouldingue des temps modernes d’être là et de faire ce qu’ils font.

Au nom du Père...

On ne va pas pleurer. Le pauvre petit garçon riche renonce à son cadeau de Noël 2 mois avant le passage du barbu avec un ton et des mots qui pourraient arracher des larmes à toutes les bergères de France et de Navarre. Mais voilà, Jean n’est pas le fils de Nicolas : c’est son clone, sa copie au point que tant que le rejeton vivra le géniteur ne sera pas mort.


Qu’un puissant fasse profiter sa famille des fastes de la République ce n’est pas la première ni la dernière fois mais le tréfonds de la bassesse a été une nouvelle atteint par la cour qui a su trouver des trésors d’imagination pour soutenir cette décision. Jusqu’au pauvre Julien Dray qui a trouvé indigne cet acharnement médiatique pour s’attirer les grâces du monarque et à travers lui, peut-être, l’indulgence de ses procureurs.

Avant l’actuel Président, Chirac et avant lui le roi Mitterrand en avait fait autant. Après tout, que ces courtisans choisissent de passer pour ce qu’ils sont à savoir de simples profiteurs prêts à tout pour bénéficier des largesses du prince ça les regarde. Le hic c’est qu’en même temps qu’ils passent pour des vendus, ils font passer cette idée chez le citoyen que tous les politiques sont à vendre. Combien se sont élevées de voix dans la majorité pour dénoncer cette pâle copie de république bananière. Bien peu et ceux qui l’ont fait l’on fait du bout des lèvres mais cette forfaiture se paiera au prix fort : exit l’investiture du parti aux prochaines élections et avec elle adieu berline de fonction, secrétaire et bureau à Paris et même peut-être un maroquin qui s’envole. Que gagneront-ils à ce courage ? Rien qui ne se monnaye. Une certaine satisfaction au coin de l’œil quand ils se regarderont dans la glace le matin et l’estime de leurs proches et de leurs amis (s’ils en ont car il y en a peu dans ce milieu).

Ces gouvernants là sont à mille lieux de nos soucis et croire le contraire est faire preuve d’une grande naïveté. Ils ne cachent même plus le mépris dans lequel ils nous tiennent. Ils doivent penser qu’ils méritent mieux que les citoyens qui les ont mis aux commandes et après tout peut-être ont-ils raison : ils ont été élus et largement alors on a les dirigeants que l’on mérite. Je crois que je vais changer de nationalité…

mardi 13 octobre 2009

La boite à bougies

Voilà bien longtemps que je n’étais pas venu ici. Pas assez de temps pour moi mais du temps pour les autres mais c’est pour moi du bon temps. Depuis un peu plus d’un mois ça gazouille à nouveau dans les couloirs et la cour de récré. Les petits sont enfin rentrés et mes vacances ont enfin commencé. Ils m’ont manqué mes collégiens. C’est que ça prend de la place quatre cent ados. Ils donnent du travail mais il y a tant de retour. Ils demandent de l’énergie mais ils en dépensent tant !

Mais parmi mes proches il y en a qui ont pensé à moi. J’ai fait un tour de compteur il y a quelques jours. Et un soir à ma grande surprise, à peine feinte, j’ai vu sortir de je ne sais où cadeaux et bougies.

Le lendemain matin, premier levé comme d’hab, c’est moi qui ai rangé les bougies. On les met dans une boite métallique genre boite à sucre avec des motifs style calendrier des postes. Tu vois ce que je veux dire ? Bien sûr que tu vois ! On en a tous une de boite à bougies. La notre a plus de trente ans. Elle est un peu fatiguée. Tellement fatiguée que cette fois le couvercle m’est resté à la main et patatras, la boite est tombée par terre dans un grand bruit. Et son contenu s’est étalé dans toute la cuisine.

Et j’ai alors vu à mes pieds se dérouler mes trente dernières années. Rien n’y manquait. Les 2 petites bougies avec juste le chiffre « 1 » à peine consumé. Une rose et une bleue. Et puis toute la série des chiffres. Et puis les petits sujets qu’on trouve sur les bûches de Noël : la scie, le champignon et bien sûr le nain tout sourire…J’ai revu nos vies à tous les quatre dans ce mikado de bougies multicolores qui roulaient à mes pieds.

Je me suis mis à quatre pattes pour tout ramasser même les bougies cassées dont je savais que je n’en ferai plus rien mais pas question d’être celui qui détruira ces reliques. J’ai repensé à mon enfance où les anniversaires se réduisaient à une phrase. Je n’ai pas manqué d’amour mais c’était pas dans la culture familiale et puis y avait à peine de quoi manger alors les cadeaux c’était pas possible. Mais le manque d’argent ne m’a pas gêné. Il m’a donné l’indépendance.

J’ai réparé la boite pour qu’elle reparte pour trente ans de plus. D’ici là je serrerai les nonante et on ne me mettra peut-être plus qu’une seule bougie à souffler…pour m’économiser. Elle remplacera celle que je n’ai pas eu la première année et la boucle sera bouclée…