mercredi 31 décembre 2008

Pablo et Nelson

J’ai assisté dernièrement à une représentation du Canto Général de Pablo Neruda mis en musique par Mikis Theodorakis ; 200 choristes, trois guitares, deux mandolines, quelques percussions, un piano et une extraordinaire flûte des Andes.. Immense émotion.. Il y a quelques morceaux d’anthologie comme «A mi partido».

Certes, l’idéologie communiste a été détournée pour devenir une dictature aussi noire que les autres, certes les partis communistes ont pratiquement tous disparu mais cela n’enlève rien aux idées et à l’idéal qu’elles soutiennent, empreint de générosité, de justice, d’égalité. Au lieu de çà, on nous vend un monde où tout, à commencer par l’individu, peut et doit être objet de commerce ; un monde où la compétition est la règle et l’on sait que la compétition fait tous les jours davantage de perdants donc d’insatisfaits, d’aigris, d’exclus qu’on appellera dans l’ordre chronologique : chômeur, assisté, asocial, pauvre, marginal, et enfin SDF…les termes ne manquent pas.

Il faut donc croire dans les hommes et pas dans les systèmes et encore moins dans les dieux (et je sais de quoi j’cause !). Si pour rebondir il faut avoir touché le fond, alors on n’est pas loin d’avoir l’occasion de rebondir. Prenons exemple sur Mère Nature qui nous a toujours montré la voie et faisons chacun notre révolution dans notre coin et la mise en commun de toutes ces mini révolutions finira bien par faire une grosse vague.

L’immense majorité d’entre nous n’a pas de grands destins mais de pauvres petites vies. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’essayer d’approcher les étoiles (n’est ce pas Bérénice!). Alors moi qui suis fâché avec les vœux en général et les vœux du nouvel an en particulier je vais faire un accroc à ma cuirasse en souhaitant à tous et surtout aux pires des imbéciles méchants égoïstes bornés de suivre ces exemples qui peuvent éclairer et guider nos vies. J’en ai retenu deux dans l’époque récente : Pablo Neruda et Nelson Mandela.

Avant de quitter le tribunal qui venait de le condamner à la prison à vie, le 11 Juin 1964, Nelson Mandela déclarait, parlant de son engagement politique :

« C’est un idéal pour lequel je veux vivre et que je veux réaliser. Mais s’il le faut, c’est aussi un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ».

Vingt six ans plus tard, le jour de sa libération le 2 Février 1990, il terminait son premier discours d’homme libre par la même phrase, comme si ces 26 ans de prison n’avaient pas existé.

Je ne peux pas m’empêcher de rapprocher cette phrase du poème de Neruda «A mi Partido»

Me has dado la fraternidad
hacia el que no conozco.
Me has agregado la fuerza
de todos los que viven.
Me has vuelto a dar la patria
como en un nacimiento.
Me has dado la libertad
que no tiene el solitario.
Me enseñaste a encender la bondad,
como el fuego.
Me diste la rectitud que necesita el arbol.
Me enseñaste a ver la unidad
y la diferencia de los hombres.
Me mostraste cómo el dolor de un ser
ha muerto en la victoria de todos.
Me enseñaste a dormir en las camas duras
de mis hermanos.
Me hiciste construir sobre la realidad
como sobre una roca.

Me hiciste adversario del malvado
y muro del frenético.
Me has hecho ver la claridad del mundo
y la posibilidad de la alegría.
Me has hecho indestructible
porque contigo no termino en mí mismo.

Tu m'as donné la fraternité
envers celui que je ne connais pas.
Tu as ajouté à mon corps
la force de tous ceux qui vivent.
Tu m'as redonné la patrie
comme par une autre naissance.
Tu m'as donné la liberté
que ne possède pas le solitaire.
Tu m'as appris à allumer,
comme un feu, la bonté
Tu m'as donné la rectitude qu'il faut à l'arbre.
Tu m'as appris à voir l'unité
et la variété de l'homme.
Tu m'as montré comment la douleur
de l'individu meurt avec la victoire de tous.
Tu m'as appris à dormir dans les durs lits
de mes frères.
Tu m'as fait bâtir sur la réalité
comme on construit sur une roche.

Tu m'as fait l'adversaire du méchant,
tu m'as fait mur contre le frénétique.
Tu m'as fait voir la clarté du monde
et la possibilité de la joie.
Tu m'as rendu indestructible car grâce à toi
je ne finis plus avec moi.


Partager c’est recevoir. D'abord le bonheur de celui avec qui l’on a partagé et ensuite ce que lui-même aura à vous donner en partage. Simple ? Simpliste ? Non n’en croyez rien. La générosité c’est compliqué c’est l’égoïsme qui est simple. Alors soyons compliqué : partageons. Je peux pas vous souhaiter mieux et c’est ce que nous faisons sur nos blogs non ?

dimanche 14 décembre 2008

我恨中国 (1)

Grande et vieille civilisation que la Chine sur laquelle on a tant écrit, tant raconté et dont on connaissait les proverbes, les inventions, les céramiques, les casse-têtes, la ou plutôt les murailles et bien sûr les supplices au moins aussi raffinés que la cuisine et dont on connait, depuis quelques années, l'invasion des produits manufacturés ( Alors que, vu la qualité de nombre de ces produits on les auraient plutôt qualifiés de «pédifacturés» si vous voyez ce que je veux dire…)

Mais elle a beau être plongée dans une croissance folle et une course à la modernité et aux nouvelles technologies, la Chine n'en reste pas moins très attachée à ses traditions les plus anciennes et elle a réussi ce tour de force d'associer ses légendaires supplices avec la technologie moderne tout en respectant les droits de l'homme, en tout cas les droits de l'homme chinois ce qui n'est déjà pas si mal car ils sont un paquet plus douze nos amis à la couleur de peau qui rappelle le vieil ivoire.

Comment ont-ils relevé ce triple défi ?

En nous vendant des meubles à monter soi-même.

Qui ne s’est jamais lancé dans cette grande aventure ne peut pas comprendre de quoi je parle. Les autres, mes frères du « montage facile en moins de 45 minutes », peuvent s’épargner la lecture des lignes qui suivent car elles vont leur rappeler de bien mauvais souvenirs.

Etant envahi par les livres, je me suis mis à la recherche d’un «jeu» d’étagères pour mettre un peu d’ordre dans toute cette littérature entassée au sol. Vous avez remarqué que j’ai mis des guillemets à «jeu» afin de vous en faire apprécier le vrai sens. J’ai jeté mon dévolu sur un ensemble de cinq tablettes qui faisait un peu illusion dans une enseigne qui vend pas cher des produits qui valent encore moins et que je ne citerai pas afin de ne pas faire de publicité à Conforama. Le bel ensemble tenait dans un carton estampillé Made in China. Super, me dis je, tu vas passer un samedi après-midi formidable comme quoi on peut avoir plus de cinquante balais est être encore d’une affligeante naïveté.

La première opération du « facile à monter » est d’ouvrir le colis et de faire l’inventaire des (cadeaux) pièces et pour cela il faut trouver la notice de montage. Au seul souvenir de ce document je suis sûr que certains sont déjà allés se jeter sous le premier TGV qui passe. C’est avec elle que débute le premier défi. Tous ceux qui en ont déjà déchiffrée une, de notice de montage, seront d’accord avec moi pour s’étonner que nos amis chinois ne les impriment pas directement avec leurs idéogrammes. Elles seraient à coup sûr plus compréhensives et en tout cas plus décoratives. Voilà, ça y est vous avez la notice entre les mains. En même pas cinq minutes vous avez trouvé la première page. Ça commence fort vous dites-vous. Vous avez tort car les difficultés sont devant vous. Par quelques symboles à la portée du premier australopithèque venu, la une vous informe qu’il faut être deux pour monter les cinq étagères et que ça vous prendra 45 minutes. Comme vous n’avez pas d’ami égyptologue ni sinologue, vous faites appel au deuxième australopithèque venu c'est à dire à votre grand escogriffe d’adolescent que vous achetez bassement en lui promettant le doublement de son argent de poche la semaine suivante. Puis vous prenez votre courage à deux mains et avec l’autre vous vous armez du tournevis cruciforme qui doit être, lui aussi, une invention chinoise, tant son utilisation est liée à leurs produits.

Les représentations en 3D de la notice vous font douter un instant du rapport qui peut bien exister entre le fagot de bois gisant à vos pieds et le meuble que vous avez vu en magasin. Ce doute affreux vous plonge vous-mêmes dans la quatrième de dimension mais votre légendaire combativité reprend le dessus.

Moins d’une heure s’est écoulée et vous avez déjà repéré toutes les pièces et l’ordre de montage. Vous vous lancez. Si la notice précise qu’il faut être deux pour le montage c’est qu’à un moment donné il va falloir quatre mains. Vous vous demandez bien quand, car dès le début, vous en auriez bien besoin de huit et vous regrettez de n’être pas comme nos lointains cousins primates et pouvoir utiliser vos deux pieds si utiles pour marcher mais dans le cas présent d’aucun secours. Vous vous servez de tout ce dont la nature vous a pourvu et c’est le tournevis bien calé entre les dents et la frontale de travers que vous réussissez enfin à faire rentrer tous les trucs qui dépassent dans tous les trous disponibles. Finalement c’était pas si compliqué que çà et, en à peine 3 heures, vous avez terminé ce jeu pour grand garçon. Et c’est le regard satisfait, le soupir profond et la transpiration forte que vous vous asseyez pour contempler votre œuvre.

L’inconfort de votre fauteuil vous permet de constater que vous vous êtes assis sur l’ELEMENT DECORATIF. Oui, vous venez de comprendre que vous avez oublié d’insérer cette (putain de) satanée pièce à la phase 4 de cette (putain de) fichue notice (de merde). Et comme votre femme a bien aimé cette petite rose sculptée sur la dite pièce, vous ne pouvez pas passer cet oubli en pertes et profits ni par la cheminée. Vous avez alors une pensée émue pour le Dalaï Lama, grand ennemi des chinois lui aussi, vous respirez profondément et vous attaquez donc le démontage. A ce stade, inutile de dire que vous seriez moins énervé si vous aviez avalé un kilo de caféine pure et deux litres de scotch.

C’est donc moins de 6 heures après l’ouverture du maudit carton que vous terminez votre « montage en moins de 45 minutes» non sans avoir voué à la géhenne éternelle la perfide institutrice qui vous apprit à lire car si vous n’aviez pas su lire vous n’auriez pas eu de livres, et pas de livres, pas d’étagères : on est toujours puni par où l’on a péché! Dans le même temps votre grand garçon vous informe que le contrat de départ n’est plus respecté, qu’à cause de vous il a sacrifié le rendez vous avec sa copine et ses copains et c’est donc un triplement de son argent de poche qu’il vous réclame : on n’est trahi que par les siens. La grande lassitude qui vous accable a fait sauter tous les verrous du pater familias et vous acceptez tout sans discuter.

Je retire ce que j’ai dit plus haut : on savait que la Chine ne respectait pas les droits de l’homme chez elle, la preuve est faite maintenant qu’elle ne les respecte pas non plus chez ses clients occidentaux parce que c’est pas humain ce qu’ils nous font faire et tel un Guillaumet de salon (on a les héroïsmes que l’on peut…) j’affirme que ce que j’ai fait jamais aucune bête ne l’aurait fait.



(1) Ce titre a bien sûr un sens alors à vos traducteurs préférés. Pour ce qui est de la prononciation c’est simple: vous attachez solidement votre belle-mère sur une chaise et avec la main droite vous lui plantez une fourchette à escargot dans le gras de l’épaule droite et de l’autre vous lui mettez le tisonnier préalablement rougi au feu, dans l’oreille gauche ; voilà ça y est , votre belle-mère parle chinois !

vendredi 12 décembre 2008

Espoir??????

Mais non je déconne encore, mais figurez vous que ce jour, dès potron-minet, je vaquai déjà dans l'herbe presqu'aussi givrée que moi allant m'assurer du bon fonctionnement des fourneaux ( y a pas :le boulot c'est le boulot!) quand que vois je devant mes yeux ébahis malgré l'heure matinale et les restes de cauchemars collés aux paupières? Un trèfle à quatre feuilles. Je vous assure que c'est vrai, quatre feuilles blaaaaanches de matinale gelée(j'ai mis plusieurs aaaaaaaaaaa because y avait beaucoup de gelée) mais quatre feuilles quand même.

Là vous vous dites le Père Hadès il a du sécher trop près du feu hier soir et pis faut vraiment rien avoir à foutre pour chercher des trèfles à 4 feuilles à huit heures du mat quand il fait du - 4° sous abri. Ben justement je le cherchai pas le trèfle et pourtant les porte bonheur j'en aurais bien besoin en ce moment. C'est lui qui m'a trouvé en venant se coller sur ma chaussure et ces quatre petites taches blanches sur le cuir noir ça se remarquait bien. Alors je l'ai ramassé et j'ai fait un vœu. Je ne suis pas superstitieux, ça porte malheur alors ça ne coutait rien d'essayer mais bon, au saut du lit, va vouer queqchose touais (ça me rappelle mes débuts dans le Perche profond cet accent...)

Mais puisque ça ne coûtait rien je me suis mis à vouer à tout va:
- que Darcos vire tous ces fainéants d'instits qui se la coulent douce sur le dos des gosses
- que Sarkozy soit un jour élu Président à vie
- que Martine et Ségolène soient vraiment de gauche
- que Rachida Dati soit vraiment une femme (car comment une femme qui porte un enfant peut trouver normal d'envoyer en prison un autre enfant?)
- que Bush en prenne pour 4 mandats comme F.D.Roosevelt (sinon qui déclenchera la troisième?)
- que les Anglais gagnent tous leurs matchs contre la France dans les vingt prochains tournois des cinq nations.

Et tout un tas d'autres choses encore plus délicieuses. Alors pourquoi avoir titré "Espoir????"? Menfin (coucou) si on dit son vœu c'est bien connu qu'il ne peut plus se réaliser.

Je vous ai fait peur hein? Tout ça n'est pas très sérieux mais je suis fatigué ce soir. Ce qui est vrai c'est l'histoire du trèfle et pour ce qui est de mon vœu c'est un secret entre Perséphone et moi...

mardi 9 décembre 2008

Ca sent le sapin......

Je ne veux pas parler de la fête de Noël dont au sujet de laquelle j'ai déjà eu l'occasion de dire ce que j'en pensais.

Non.Disant cela je pense à notre démocratie, à nos libertés publiques, à nos valeurs, à tout ce qui constitue le socle d'une nation et qui fait que des gens arrivent à vivre ensemble en étant différent et en respectant ces différences. Disant cela je pense à la sueur, au sang et aux larmes versées par les générations qui nous ont précédé. On pourra me répondre que tout çà c'est du passé. Et travailler 35 ou 39 heures ou même 40 heures par semaine c'est du passé? Et avoir des congés payés c'est du passé? Et pouvoir se reposer le samedi et le dimanche c'est du passé?Et avoir une prise en charge des soins c'est du passé? Et envoyer ses enfants à l'école publique et gratuite c'est du passé?Et pouvoir dire ou écrire ce que l'on pense c'est du passé?Et pouvoir choisir ses représentants c'est du passé? Et pouvoir lire le journal de son choix c'est du passé? Je pourrai continuer encore longtemps cette litanie de présent bien réel mais à toutes ces questions et à toutes celles que j'ai occultées mais que nous avons tous en tête combien de temps va t il s'écouler avant qu'on ne puisse répondre "oui c'est du passé!"

Ne nous y trompons pas, les fossoyeurs sont à l'œuvre. Bien sûr ils ne sont pas arrivé en annonçant qu'ils allaient supprimer les libertés publiques, la justice sociale, la solidarité. Ils ont même dit à peu près le contraire et c'est sur cette base qu'ils ont été élus. Des gens de condition très modeste ont voté pour ces gens là. Parce que sans culture, sans espoir.

Alors que faire. Depuis quelques jours des actions isolées et nouvelles démarrent un peu partout ; désobéissance civile, occupation de lycée la nuit,refus car impossibilité d'appliquer le service minimum, etc...Des actions courageuses car il y a une prise de risque. Refuser d'appliquer la loi est une faute professionnelle et peut justifier une sanction grave. Mais si les fonctionnaires sont nombreux à suivre ce mouvement il sera difficile aux ministres de licencier tout le monde.

Alors soyons courageux et par nos petits gestes quotidiens faisons capoter cet enterrement de première classe sinon nos enfants nous accuseront d'avoir aussi laisser détruire la démocratie.

dimanche 7 décembre 2008

AFB contre AFM

Je vous accorde que le match était pipé d'avance et qu'il n'y avait pas besoin d'être grand devin pour savoir qui allait l'emporter mais, pour la beauté de la compétition sans doute, il a quand même été organisé et il n'y a pas eu de surprise.

Certes le téléthon c'est bien mais, même si je dois en froisser quelques uns, l'Association Française contre les Myopathies (AFM) est quand même une bande de sacrés rigolos. Enfin voyons, que constatons nous? Cette association a mobilisé des millions de personnes pendant 24 heures sans compter les jours, les semaines et même les mois de préparation dans certains cas pour arriver à récolter moins de 100 millions d'euros. Des amateurs je vous dis, y a pas d'autres mots.

De son côté, il y a quelques petites semaines, l'Association Française des Banques (AFB), elle aussi a fait la quête. Et là y a pas eu photos : c'est quelques 80 milliards d'euros qu'elle a ramassé. Et eux ils n'ont pas mobilisé des millions de personnes mais tout au plus une dizaine mais ils ont tapé aux bonnes portes.

L'AFM n'a qu'à s'en prendre à elle. Après tout c'est de sa faute si elle ne récolte pas davantage. Elle fait la manche auprès des pauvres, des fauchés. La preuve en a été faite : toutes les études montrent que le donateur moyen est quelqu'un aux revenus modestes. Alors forcément quand on va soutirer le fric aux pauvres faut s'attendre à en voir défiler un max. Alors que quand tu tapes à la porte (blindée) de la Banque de France, ben en un coup tu remplis la camionnette.


Vous avez compris, chers lecteurs, que je ris pour ne pas pleurer, tellement ce qui se passe en ce bas monde est scandaleux. Pour renflouer ces chers banquiers sur tous les continents, ce sont des milliers de milliard d'euros, de dollars, de livres sterling, de yens enfin d'argent qui ont été trouvé dans ces pays dits riches dont les gouvernants nous disaient qu'ils étaient ruinés. Une petite partie de ces sommes colossales aurait suffi à supprimer presque tous les malheurs de cette terre. Est il donc si terrible que çà de faire le bonheur du monde? Il faut croire que oui. La preuve est faite, au grand jour, que si on ne donne pas à la recherche, si on laisse crever l'Afrique du sida ou de la famine ou de la guerre c'est un choix délibéré de nos politiques.La preuve est faite mais qui en doutait. Ce qui qualifie ces décideurs c'est l'indécence. J'en veux pour preuve la proposition d'un député UMP de faire casquer le contribuable pour les pertes en bourse.

Nous n'aurons pas besoin d'attaques extérieures pour détruire nos sociétés : elle vont imploser face à un tel égoïsme et un tel mépris et c'est presque souhaitable mais le prix sera élevé et sera sûrement payé par les mêmes. Et merde!!!!

samedi 29 novembre 2008

Youpi c'est les Fêtes l!!

Mais non j'déconne et puisque je suis chez moi je vais pas me gêner, je vais me lâcher.

J'ai horreur des festivités fixées par décret fut il papal (on dit bulle ça ne s'invente pas!) alors dire que la période qui s'annonce m'horripile est un doux euphémisme. Je n'ai qu'une hâte c'est d'être début Février pour avoir passé ces putains de fêtes et ce mois de Janvier interminable où l'on balance toute la journée des vœux de bonne année (et surtout la santé) ha non j'en peux plus j'arrête, stop, finito, finish, se acabo, closed, terminator, a pus les bons vœux, a pus la bonne santé, a pus les salamalecs.

Toi, par exemple, mon nouveau boulanger du coin et que je ne détestais pas plus qu'un autre avant cette date, pourquoi faudra t il que tu aggraves ton cas en me souhaitant une bonne année le 2 Janvier au matin à l'achat de tes excellents croissants, alors que je sais pertinemment que tu n'en as rien à cirer de moi et que ce qui t'intéresse en ce moment c'est de pouvoir cueillir les faveurs de ta nouvelle petite apprentie pendant que t'enverras Maman faire les courses à la ville. Et bien saches que je ne te répondrai pas ou alors à la limite te souhaiterai je de joyeuses pâques ou un bon anniversaire histoire d'être en avance et de te perturber un peu.

Et puis ces étalages de viande morte, de chocolats plus ou moins noirs, de poisson plus ou moins frais, de sourires sur ordonnance, ces guirlandes cache misère et cache désespoir, ces lumières qui éblouissent les cœurs au point qu'on a l'impression que l'espèce toute entière a muté et n'est plus qu'un énorme estomac sur pattes, et puis ces formules à la con du genre "passez de joyeuses fêtes". Mais vous vous foutez de la façon dont je passerai les fêtes au moins autant que je me fous que vous les passiez joyeuses ou tristes à mourir. Comprenez moi inconnu (es) plus ou moins de ma personne dont la route va croiser la mienne dans quelques semaines je ne demande qu'une seule chose ; que l'on m'épargne les soldes d'amitié feinte, les fins de séries de générosité, les réductions de bonté, les ristournes d’amour bref tous ces restes de sentiments au fond du tiroir de l'année qui s'achève...

Car enfin soyons sincère un instant: à la seconde où je tape sur ce clavier, au bout du monde ou de l'autre côté de la rue, un enfant est en train de mourir et dieu permet tout çà ce qui est bien la preuve qu'il n'existe pas et moi qui existe bel et bien je me fous complètement de la mort de ce petit être puisque s'il suffisait d'un claquement de doigts pour le sauver je claquerai mes doigts mais s'il me fallait donner ne serait ce que la moitié de ma fortune le ferai je? Je n'en suis pas sûr du tout. Alors pourquoi se mentir et mentir aux autres.

Je supporte de la publicité, c'est à dire du mensonge, à longueur de journée et partout ou presque alors évitez moi les étiquettes fluo d'un vernis d'humanité! Je ne souhaite pour moi que de la sincérité ou du silence. Ha oui du silence pendant toutes les fêtes! Quel panard! J’ai quelques souvenirs de soirées mémorables où, accompagné de ma seule solitude (comme Georges), je me suis couché de bonne heure (comme Marcel), loin du bruit et de la fureur (comme William), avec un bon livre, dans un état quasiment nirvanesque (comme Bouddha)!

Je ne souhaite qu'à celles et ceux que j'aime, connus ou inconnus (car on peut bien sûr aimer des gens que l'on ne connaît pas comme certains visiteurs du soir ici ou ailleurs, à d'autres adresses..) d'être heureux partout et tout le temps et de ne pas trop s'emmerder pendant cette période de joie décrétée par et pour les marchands du temple et d'ailleurs!

Je leur souhaite d'être heureux de rien car ce rien révèle tout ce qu'ils sont, de n'offrir et de ne recevoir que des caresses, des mots , des regards, des sourires et à la rigueur un livre. De passer tout ce mois sans dépenser un euro sauf peut-être pour donner à plus pauvre que soi. D’être heureux d'être. D’être humain. Plutôt que de leur dire Joyeuses Fêtes je préfère leur dire Faites des joyeuses et des joyeux autour de vous et pas seulement pendant ces quelques jours mais à chaque seconde, à chaque palpitation de votre cœur, à chaque regard. Ne dites rien qui puisse blesser et, pour ce faire, tourner sept fois vos paroles dans votre bouche avant qu'elles ne franchissent la barrière de vos dents.

S’il vous plait aimez même si parfois il n’y a rien de plus désespérant et je sais de quoi je parle...

mercredi 26 novembre 2008

Après Martine à la ferme, Martine au Parti Socialiste

Pendant un moment cela a fait rire. C’est vrai quoi, on se serait cru à l’élection américaine de 2002. Alors j’ai bien ri. Et que je t’annonce des résultats bidons et que je te compte, décompte, recompte, raconte….Non franchement, surtout en ce moment où les nouvelles du monde sont d’une tristesse absolue, où j’ai moi-même de gros soucis je tiens à remercier les têtes du parti socialiste pour ce grand déconnage qui m’a fait voir la vie plus….rose ben ouais !

Mais la gaudriole ça va un moment et il faut bien revenir aux choses sérieuses. Bien que n’étant pas un fin analyste politique, j’ai quand même remarqué que pendant cette guerre des chefs qui s’est terminée en guerre des cheftaines, il n’a jamais été question d’idées ou en tout cas si oui elles ne sont jamais arrivées sur la place publique. L’objet de la guerre était un fauteuil. Ont elles pensé une seule seconde à l’image qu’elles ont donné du personnel politique ? Savent elles les dangers qu’il y a à laisser accroire que tous les politiques ne sont intéressés que par le pouvoir? Savent elles que cette mascarade a rajouté au désespoir de tas de pauvres gens qui n’en avaient pas vraiment besoin? Savent elles que les désespérés suivent n’importe quel drapeau? Et bien oui elles le savent car elles sont tout sauf connes les deux nerveuses en tailleur, mais le plus important n’étaient pas les idées qu’elles défendent ( car elles seraient tomber d’accord sur à peu près tout) non le plus important était de détruire l’autre.

La politique est un métier qui rapporte. Certes il faut que les politiques soient indemnisés sinon seuls les fortunés pourraient se lancer dans ce combat. Pour autant est il normal, décent, juste que l’on puisse s’enrichir en toute légalité. Non bien sûr sinon il faut s’inquiéter de notre système.

La démocratie et ce qu’elle signifie en terme d’égalité, de justice, de respect des libertés individuelles n’a rien de définitif comme un stade ultime de l’évolution des systèmes politiques. Elle peut s’arrêter demain. Elle s’est déjà arrêté par le passé. Ce qui se passe dans ce pays est très grave car on règle les problèmes en les occultant et ceux qui veulent essayer de les résoudre se font détruire.

Ce qui vient d’arriver au l’Association Droit Au Logement (DAL) résume tout ce qui se passe en ce moment. Le DAL vient d’être condamné à 12 000.00 € d’amende pour avoir monté des tentes pour les SDF sur la voie publique(SDF ça veut pas dire Samedi Dimanche et Fêtes comme le croit Carla Bruni) . Dans le même temps on apprend que plus de 200 SDF se sont installés dans le bois de Vincennes. Et c’est vrai que là ils ne gênent personne, et puis surtout ils peuvent crever de froid en toute discrétion.

On est mur pour la guerre civile car les pauvres vont devenir de plus en plus nombreux et vous verrez ce que je vous dis, ils vont avoir des exigences. Je me répète mais tant pis : salaud de pauvres!

mardi 11 novembre 2008

Papé

Chez moi dans le midi on dit Papé en tout cas quand j’étais gosse c’est comme çà que je l’appelai.. Aujourd’hui j’ai une pensée pour lui à cause de la date. Il l’avait faite cette putain de guerre. Était-elle pire que les autres ? Je n’en sais rien puisque je n’ai jamais fait la guerre. C’était quand même une belle saloperie. Je ne l’ai jamais entendu en parler et le peu que j’en sais c’est par ma mère que je l’ai appris. Il a été orphelin à 8 ans et placé par ses oncles comme berger dans l’Aveyron. Il dormait avec les moutons, dans la paille et chipait souvent le crouton au chien pour finir de se remplir le ventre.



Il est parti faire ses trois ans de service militaire en 1909 en Algérie pour en revenir en 1912 et là il a eu un petit répit de 2 ans avant de repartir pour le front. Il n’est revenu qu’au milieu de 1920 puisqu’il a rapatrié des prisonniers de guerre depuis le Danemark : j’ai retrouvé une carte postale de Copenhague de Mai 1920. Il se battait pour rien et pour personne puisqu’il n’avait plus de famille et rien qui lui appartenait. Comme les autres il est passé par tous les lieux de triste mémoire.



J’ai conservé trois souvenirs de lui. D’abord la plaque qui portait son nom et son lieu de mobilisation et qu’on lui aurait arrachée du cou s’il avait été tué, ensuite quelques lettres qu’il a envoyées à ma grand-mère, sa chère Marie et enfin un état de ses blessures établi après la guerre par la Mairie.

Je ne vais jamais aux cérémonies du 11 Novembre. La seule à laquelle je pourrais participer serait celle de Gentioux dans la Creuse où il est écrit sur le monument aux morts « Que maudite soit la guerre ».



Je garde aussi de lui l’image d’un homme peu expansif mais plein d’attention, Il avait la main leste mais ses calottes contenaient au moins autant d’amour que de réprimande Il a été viticulteur le reste de sa vie. Ce n’était pas sa destinée mais les malheurs de la vie l’ont guidé vers le midi et je crois qu’il y a été heureux.



Un jour il a eu une attaque (à l’époque on n’avait pas encore inventé les AVC…) et il n’a pas très bien récupéré du côté gauche alors il fallait l’aider pour certains gestes. Moi par exemple je lui portais sa chaufferette tous les après-midi au bistrot où il allait jouer au rami avec ses copains. Parfois il revenait au bout de 5 minutes car il s’était enguelé avec un des joueurs mais le lendemain c’était oublié.



J’aurais aimé être né plus tôt pour essayer de parler avec lui de cet enfer, avoir son témoignage. La vie ne l’a pas permis.



Je suis né dans la chambre en face de la sienne, là où il est mort une nuit de Mai 1969. Je me souviens très bien de ce jour là. J’étais en pension et le samedi matin je rentrais chez moi. Un ami de mes parents est venu me chercher à la gare et m’a posé devant la maison. Mon père m’a ouvert la porte et à mon sourire il a compris que l’ami ne m’avait rien dit. Il aurait bien aimé qu’un autre fasse le sale boulot mais çà lui est revenu. C’était normal. Il m’a dit : Papé est mort. Je suis resté comme un idiot quelques secondes avant d’éclater en sanglots. C’était mon premier deuil et mon Papé a été le premier mort que j’ai vu. A l’époque les gens mouraient le plus souvent chez eux. Dans la salle à manger il y avait un dessus de cercueil de fleurs rouges. J’avais un peu d’appréhension à aller le voir. Il était sur son lit. J’ai caressé son visage. Il était froid et dur comme une pierre. J’ai pleuré et je pleure encore en écrivant ces lignes et en pensant à lui…



Tous ces morts, lui et ceux qui ont suivi, m’ont pris chacun un peu de ma vie et je me demande ce qui palpite encore en moi…peut-être la vie de mes enfants.

samedi 8 novembre 2008

Guernica

Petite ville espagnole rendue tristement célèbre par la mort tombée du ciel nazi et aussitôt ressuscitée et immortalisée à jamais par Picasso dans son immense tableau, immense par la taille d'abord, immense aussi par l'effroi qui en ressort, immense par la violence que Picasso traduit.

Peint en quelques semaines le tableau ne sera exposé en Espagne au musée du Prado qu'après la mort de Franco. J'ai lu une anecdote sur ce tableau : un jour Picasso est au Prado devant Guernica et un touriste allemand croit le reconnaître et lui demande:
- C'est vous qui avez fait çà?
Et Picasso de lui répondre:
- Non c'est vous!

Les nazis croyaient rayer définitivement Guernica et ses habitants de la carte et Picasso les a inscrits pour toujours dans la mémoire des hommes. Ce doit être çà la victoire de l'artiste sur le barbare.

Une jeune artiste (allemande justement) Lena Gieseke, vient de réaliser une approche de Guernica en 3D. C'est une vidéo de seulement trois minutes mais c'est un pur bijou."http://www.lena-gieseke.com/guernica/movie.html"

jeudi 30 octobre 2008

Merci Ingrid...

Ingrid (est il utile de rajouter que je parle de Bettancourt…) vient d’annoncer qu’elle allait se reposer quelques mois à partir de Janvier 2009. Ouf ! Soyons clair ça nous reposera aussi….mais pas longtemps malheureusement car comme elle est tout sauf (conne) sotte, elle a déjà dans les tuyaux et un livre et une pièce de théâtre et un film et sûrement une comédie musicale. Et l’on peut être sûr que chaque fois que chacune de ses créations (à elle ou à son fan club) arrivera sur la place publique, on aura droit à un remake de son histoire.

Je veux bien que de longues années de captivité ça doit donner envie de se dégourdir les jambes.
Je veux bien qu’elle se sente obligée de remercier tous ceux qui l’ont soutenu pendant tout ce temps.
Je veux bien qu’elle ait à préparer son retour en politique.
Je veux bien tout ce qu’on veut mais elle commence à me gonfler sérieusement avec son omniprésence dans tous les médias.

Le plus vieil otage des FARC, Oscar Tulio Lizcano, vient d’être libéré grâce à la complicité de son gardien ce qui n’empêche pas certains médias de rapporter cet évènement en faisant parler qui ? Oui gagné …..Ingrid bien sûr.

Et ce pauvre Oscar, où a-t-il pu passer ces huit années ? Car enfin même s’il est plus vieux qu’Ingrid et otage depuis plus longtemps il est revenu dans un état pas possible. Des vêtements de récupération, sales comme lui, les yeux cernés comme la guérilla colombienne bref un otage emprisonné depuis de longues années dans un univers hostile.

C’est sûr que ça nous a changé de la descente d’avion d’Ingrid, pétant le feu, les valises déjà prêtes pour la tournée européenne, la visite au pape, le prix Nobel ‘(raté salaud de suédois !).

Peut-être qu’un jour un ex otage ou un ex geôlier nous dira où Ingrid a passé ses derniers mois de captivité. Et ça m’étonnerait que ce soit dans le même hôtel qu’Oscar…

dimanche 26 octobre 2008

Le temps qui passe...

Aujourd’hui 26 Octobre, grand jeu national et même européen ; le changement d’heure. Une ancienne plaisanterie giscardienne destinée à nous faire économiser l’énergie. Et puis ça permet aux troupes de se persuader qu’elles maîtrisent le temps qui passe.

Depuis que nous sommes devenu un village planétaire, nous sommes persuadés d’avoir fait un grand pas en avant dans le contrôle du temps puisque notre économie fonctionne désormais en temps réel . Et c’est vrai. Y a qu’à voir la crise financière : nous connaissons les plongeons des bourses au moment où ils se produisent. A propos de plongeons, j’ai remarqué que si les indices ont plongé aucun trader ne s’est jeté par la fenêtre du 15ème étage alors qu’en 1929, ça tombait comme à Gravelotte…

Ce n’est bien sûr pas le temps que nous contrôlons mais l’espace et encore notre espace terrestre. Y a qu’à voir ces magnifiques tableaux représentant notre planète à l’échelle du système solaire, de la galaxie ou de l’univers pour prendre conscience de ce que nous représentons. Nous sommes le pou du pou de la puce. Notre seul avantage (et peut-être notre principal défaut) c’est d’en avoir conscience.

Le temps emporte tout et nous avec et pourtant c’est tout le contraire d’un torrent furieux. Il s’écoule goutte à goutte, seconde après seconde et cela ne lui empêche pas de faire des ravages. Il créé son pays en avançant. Il est maître de tout puisque sans lui nous ne serions pas là.

Pas sûr du tout, tout çà. Et sans nous est ce qu’il serait là. C’est notre conscience qui nous fait appréhender le temps. Sans conscience pas de situation dans la durée, pas de passé, pas de présent et pas d’avenir. Et si la solution c’était tout simplement de redevenir le bon sauvage de Jean Jacques et de remonter dans ces arbres où nous avons vu le jour et que nous n’aurions jamais du quitter, s’il faut en croire Oncle Vania…..

…….Je t’ai un de ces coups de barre moi…. ça me vaut rien le changement d’heure.

samedi 11 octobre 2008

Archibald

Archibald et sa femme sont restés mariés pendant 14 ans mais heureusement pour lui il a été mobilisé de 1914 à 1918, période pendant laquelle il savait où était l’ennemi et les dangers qu’il représentait. Ce n’est pas dans son petit coucou au dessus des lignes allemandes qu’il a le plus risqué sa vie mais pendant tout le temps passé près de sa femme.

Une personne bien sous tout rapport sa femme : issue d’une excellente famille. ayant reçu une très bonne éducation. Et pourtant dès son retour de la guerre Archibald ne vivra plus qu’un long cauchemar jusqu’à son divorce en 1928. Dix ans ! Dix ans à vivre un enfer. Dix ans à avoir peur d’être empoisonné chaque fois qu’il buvait son thé, à être révolvérisé pendant son sommeil, à avoir un accident de chasse au bord d’un étang en plein hiver, Bref dix ans à vivre avec la certitude que sa femme avait décidé de l’éliminer

On comprend mieux pourquoi il était coureur de jupons Archibald. Il se disait que de toute façon il allait y passer alors autant prendre du bon temps puisque ses jours étaient comptés. Tous les soirs, quand il rentrait dans son home qui n’avait rien de sweet, c’était pour entendre sa femme lui raconter la nouvelle façon d’éliminer un gêneur qu’elle avait imaginée dans la journée : et que je t’étrangle, et que je t’égorge, et que j’empoisonne, et que je te donne un coup de révolver, et que je te pousse sous le train ou du haut de la falaise enfin bref tous les moyens étaient bon pour supprimer un proche.

Et puis finalement il s’en est tiré sans trop de mal le père Archi, même que sa femme, après leur divorce, a continué à porter son nom. Pas à la ville bien sûr puisqu’ils étaient divorcés mais pour son travail. Tout çà pour dire que si elle n’avait pas son pareil pour imaginer les pires turpitudes de l’âme humaine, elle avait aussi le sens des affaires Agatha Christie….

vendredi 3 octobre 2008

Histoire - Géo

On s’en souvient tous n’est ce pas ? C’est toujours l’Histoire en premier et après la Géographie tellement secondaire qu’on l’a réduite à sa première syllabe.. Même sur les manuels scolaires c’est écrit dans cet ordre. C’est donc que ce n’est pas un hasard mais bien réfléchi, voulu. Pourquoi ?

Ce qui a permis le développement de l’espèce humaine c’est sa capacité à évoluer et à s’adapter. Du premier objet naturel, caillou ou morceau de bois, utilisé comme outil jusqu’au Taser le dernier joujou de nos amis en bleu marine, quel chemin parcouru ! Et combien de domaines où, après avoir imité la nature nous l’avons dépassée et comment : les oiseaux volent à quelques centaines de mètres de hauteur, quelques milliers pour quelques espèces alors que nous nous arrachons à l’attraction terrestre. On pourrait multiplier les exemples à l’infini. De ce constat beaucoup d’hommes ont déduit que c’est notre espèce qui décidait de tout sur terre y compris du destin de la terre elle-même.

Pourtant si l’on y regarde de plus près, on s’aperçoit que si nos ancêtres se sont adaptés pour évoluer ils ne l’ont pas fait de leur propre initiative. Nombre de préhistoriens pensent que quelque part dans l’actuelle Afrique de l’est, un changement climatique a entraîné une modification du milieu et la savane a remplacé la forêt. Pas en un week-end-end non. Faut le temps que ça se passe et les oncles Vania de l’époque ont eu le temps de s’habituer au nouveau paysage. Bref la disparition des arbres les a obligés à vivre de plus en plus sur le sol et là, pour éviter de se faire becqueter par plus gros et plus voraces qu’eux ben y avait intérêt à se tenir debout. Autant vous dire que plus d’un à du prendre l’apéro avec les tigres à dents de sabre en se sentant à la place de l’olive avant de comprendre comment voir arriver les mangeurs de primates. Mais finalement c’est à eux qu’on doit d’être ici. Parce que ceux qui s’en sont tirés ce ne sont pas les plus courageux mais au contraire les plus péteux ou les plus malins. D’ailleurs ça n’a pas beaucoup changé.

Plus tard quand on a commencé à ressembler de plus en plus à des hominidés, c’est encore la nature, le relief, le milieu c'est-à-dire la terre qui a déterminé l’implantation des lieux d’habitat, des voies de communication terrestres, fluviales ou maritimes. C’est donc bien la géographie qui a déterminé l’histoire des hommes et la géographie n’est après tout que l’histoire de la terre. On l’a oublié à un point tel qu’on a organisé son pillage et sa destruction et qu’elle est en train de nous rappeler à l’ordre des choses.

Tout çà pour dire qu’une nouvelle fois notre légendaire anthropomorphisme nous conduit à penser et agir plus haut que nos possibilités car enfin les premiers hominidés sont situés à la louche en silex entre 5 et 10 millions d’années. Au train où vont nos comportements et les choses il y a fort à parier que d’ici quelques dizaines de milliers d’années les hommes auront disparu de la planète Terre.Donc notre présence sur terre aura duré une dizaine de millions d’années. En comparaison les dinosaures ont vécu pendant plus de 150 millions d’années et la Terre a 4.5 milliards d’années.

Ce qui caractérise l’homme c’est sa capacité à se projeter, capacité qu’il semble être en train de perdre ce qui pourrait être l’explication de son extinction.

vendredi 26 septembre 2008

Salauds de pauvres

L’écologie est à la mode, c’est un sujet porteur, qui fait vendre et plus on vent plus on consomme et plus on consomme plus on concourt à la destruction de la planète: la consommation est mortifère. Ne pas le penser est dangereux et pour moi soyons clair les homos consominus sont plus dangereux que les pires des serials killers car ils ne menacent pas quelques individus mais la vie toute entière.

Et qui pollue le plus ? les pauvres !

On les a tous vu entassés à 7 dans leur vieille voiture qui pollue et qui passe le contrôle technique grâce au lien étroit qui existe entre le contrôleur et une boisson anisée bien connue. Le loueur de voitures Ucar a même lancé une campagne de pub sur le thème « Les pauvres sont déguelasses : ils polluent ».
On les a tous vu encombrer nos centres villes pour traîner devant des boutiques dans lesquelles on ne les laissera même pas entrer.
On les a tous vus dans ces supermarchés de bas étage où, après avoir pollué la planète, ils vont se polluer le corps avec des produits pas chers et douteux.
On les a tous vus se chauffer maladroitement avec de vieux poêles à charbon.

Changeons d’échelle et ne prenons plus les individus mais les états.

Lesquels polluent le plus ? Les pauvres.

Et c’est le Brésil qui détruit la forêt amazonienne, notre poumon à tous. Et c’est Chavez qui, après avoir nationalisé les compagnies pétrolières, vent le super 4 centimes d’€ le litre. Et c’est la Chine, dont les 4/5 sont très pauvres et qui pollue tant qu’elle peut.

Heureusement les riches sont là et les décideurs aussi. Ben oui ce sont les mêmes. Et que je te mets le super à 1.50 €. Et que je t’augmente le prix des autoroutes. Et que je vais te mettre des péages à l’entrée des grandes villes (12 £ pour rentrer dans Londres(sur ce dernier point on a réinventé l’eau tiède puisque ce dispositif s’appelait il y a quelques siècles l’octroi mais s’appliquait aux marchandises)). Et que je te prends des arrêtés anti-mendicité afin de supprimer la pollution visuelle.

Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : il ne faut pas supprimer les pauvres sinon à qui les riches pomperont ils leur fric ? Non il faut simplement leur faire comprendre de gré ou de force, que c’est une sous-espèce devant donc vivre dans un sous monde en se nourrissant de sous- produits et tout çà loin de la vue des riches à qui ils gâchent les plaisirs !

En face des pauvres, les riches, seul ou à la rigueur à deux dans des voitures presque aussi longues que leur bateau, des voitures propres, qui ne fument pas, qui ne sentent pas le cramé mais le cuir, qui n’encombrent pas les rues et les parking de nos belles cités puisqu’ils ont des garages eux et qu’ils ne font pas du lèche-vitrine devant les épiceries fines puisqu’ils sont à l’intérieur.

La plupart des défenseurs de l’environnement sont favorables à la hausse du prix des carburants car, la preuve en a été faite, c’est la seule façon de diminuer la consommation. Cet argument a ceci de formidable qu’il a donné à nos décideurs et aux grandes compagnies une raison saine, honnête et écologiste de se remplir les poches : Total, qui traîne les pieds dans l’affaire de l’Erika, 12 milliard d’euros de bénéfice en 2007 ; Exxon, l’américain, 25 milliards de dollars de bénéfice la même année. Et l’on sait bien que la défense de l’environnement est leur cheval de bataille à ces grands groupes. Y a qu’à les voir se frotter les mains à l’idée que la fonte du pôle nord leur permettra de raccourcir la route de leurs bateaux de 9 000 km et de réaliser de substantielles économies.


Mais l’augmentation des prix des carburants touche d’abord et surtout les plus fauchés qui ont un besoin impératif de se déplacer pour aller au boulot ou en chercher. Vous avez bien sûr compris que je n’en veux nullement aux pauvres. Ce qui est le plus désespérant dans ce qui précède c’est que j’ai un peu grossi le trait mais tout ce que j’ai dit est vrai. Seule l’interprétation est fausse.

Alors reprenons donc depuis le début : les pauvres d’abord : est ce qu’ils polluent ? Non bien sûr car pour polluer il faut consommer et pour consommer il faut de l’argent et ils n’en ont pas. Ceux qui ne comprennent pas çà n’ont jamais été pauvre. Mon hôte a été pauvre : il portait les vêtements et les chaussures des autres, il ne savait pas ce qu’était l’argent de poche, ni la télé, ni les vacances ailleurs que dans son village, ni la voiture ni aucun des biens de consommation. Le confort matériel ne lui a pas manqué : c’était comme çà ! Mais aujourd’hui cela lui donne une indépendance de corps et d’esprit qu’il ne vendrait pas pour tout l’or du monde ! Regardons les plus pauvres de tous : les africains : ils ne jettent rien, ils récupèrent tout. La gestion des déchets ce sont les pauvres qui l’ont inventée !

Ai-je besoin de vous dire ce que je pense de ceux qui brûlent du kérosène ou du super par plaisir ? Non je ne crois pas. Les riches polluent pour les raisons inverses qui font que les pauvres ne polluent pas ou peu.

Changeons à nouveau d’échelle et replaçons-nous au niveau des états et qu’observons-nous? Que c’est la même chose. Les états industriels, USA en tête, sont les plus gros pollueurs et pour faire encore mieux ils achètent aux pays pauvres leurs quotas de droit à polluer ! C’est y pas formidable cette conscience collective. Et qui donne des exemples de cette conscience là. Les pays pauvres encore et toujours : l’Equateur par exemple qui vient d’annoncer qu’il renonçait à exploiter des réserves pétrolières car cette exploitation menacerait l’environnement du parc naturel Yasuni. C’est l’Inde qui remplace les pompes à fuel utilisées pour monter l’eau des puits par des pompes à pédales ; c’est la Rhodésie qui a modifié les méthodes de construction des maisons dans ses campagnes pour arrêter la déforestation et bien d’autres exemples encore.

L’on a invité mon hôte à aller aux Seychelles en février prochain au motif que dans trente ans ces îles seraient sous l’eau. A-t-on déjà entendu plus grosse connerie (pardon mais y a pas d’autre mot) Sous prétexte que cet archipel risque de disparaître on va se dépêcher d’y aller même si cela accélère sa disparition. : c’est ce qu’il a répondu et il est passé pour un empêcheur de voyager en rond. Prenons exemple sur la grotte de Lascaux découverte par quatre garnements en 1940 et que Malraux a interdit au public en 1963 pour la protéger et où l’on vient de trouver, malgré les mesures de protection draconiennes, qu’elle est encore menacée par des champignons. Et bien si l’on veut protéger les Seychelles, il faut faire comme avec Lascaux, ne pas y aller.


Salauds de pauvres, comme disait Gabin à Bourvil dans la traversée de Paris. C’est sûr que ça ne sanctifie pas la pauvreté mais ça donne quand même des circonstances atténuantes. Alors comme le sétois, quand je vois passer un voleur d’œuf, je le laisse partir surtout si celui qui me demande de l’arrêter est un voleur de bœuf !

mardi 16 septembre 2008

Bleu ciel ou bleu marine

L’été dernier, dans son collège, mon hôte a fait repeindre des salles de classe en bleu ciel pour qu’au moins, là, les enfants aient un horizon gai ! Et puis là, ce matin, dans un journal d’annonces gratuit, je tombe sur une publicité pour la carrière de surveillant pénitentiaire en tenue bleu marine comme toutes les forces de l’ordre au sens le plus large du terme.

Vous savez que les écoles maternelles risquent de disparaître, que les réseaux d’aide spécialisé aux élèves en difficulté (les RASED) risquent de finir pareil. Toutes ces réformes s’accompagnent de suppressions massives de postes. Dans le même temps, on recrute dans la gendarmerie, les gardiens de prison, la police. Et je me souviens que Victor Hugo disait « ouvrir une école c’est fermer une prison. » Il avait donc doublement raison ce cher Victor puisque aujourd’hui on prouve a contrario que fermer des écoles c’est ouvrir des prisons.

Alors bleu ciel ou bleu marine moi j’ai choisi. Qu’on me comprenne, je ne dis pas qu’il faut supprimer les représentants de l’ordre mais un pays qui fait le choix de la répression plutôt que celui de l’Education ne parie pas sur son avenir.

J’aurai beaucoup de mal à avoir un ami en bleu marine sauf s’il me prouve qu’il a encore le mot humanité dans son vocabulaire. Un neveu de mon hôte est entré dans la gendarmerie il y a deux ans. Il est déjà formaté : reconnaissance des délinquants à leur faciès, application très particulière des droits du présumé innocent qui en garde à vue a, entre autre, droit à trois repas par jour et 20 minutes pour prendre ses repas. La méthode employée est la suivante : on réveille l’individu à 1h00 du matin et on lui apporte un repas, puis un deuxième repas à 1h20 et un troisième à 1h40 et puis on le laisse 24 heures sans manger.

Voilà pourquoi le bleu marine obscurcit mon horizon.

lundi 8 septembre 2008

69 ans, l'âge érotique

La hauteur c’est 2.45 m, la longueur c’est 8.95 m, la perche c’est 6.14 m et la maternité c’est donc 69 ……ans. Gainsbourg l’avait annoncé et Mamie et ses sponsors l’ont fait !Et un record un ! Mère de triplés à 69 ans. Qui dit mieux ? La course est ouverte. Les chers chercheurs, les doctes docteurs, mettez vous au travail que diable et engrossez nous, sur la faïence de votre laboratoire la prochaine mère de plus de 70 ans nouveau record à battre.

Et puis dans la logique de votre zèle reproducteur pourquoi ne pas envisager de maintenir des femmes en survie artificielle en leur laissant juste la fonction reproductrice. Vous me dites que ça fera des zombis et alors où est le problème ? On a besoin de zombis et comme çà on n’aura pas besoin de les fabriquer à coup de décervelement télévisuel.

Que dites vous ? Je suis cynique. Ah bon ? Peut-être mais d’abord c’est pas moi qui ai commencé et ensuite je n’arrive pas à la cheville de nos décideurs.

Cela me rappelle un petit monologue…..

Quand on est petit on demande

-Comment on fera l’amour quand on sera grand ?

En grandissant la question devient :

-Comment on fait les enfants ?

Et puis quand on est devenu grand on demande

-Comment on fait l’amour sans avoir des enfants ?

Aujourd’hui la question est devenue :

-Comment peut on faire des enfants sans faire l’amour ?

Alors moi je pose la question :

Que deviendront ces enfants faits sans Amour ?

dimanche 31 août 2008

Le temps de manger

Les dieux sont au-dessus des contingences terrestres mais nous avons en commun avec vous quelques travers . Ce que vous appelez des défauts et qui ne sont en fait que des traits grossis comme ceux des caricaturistes. Et il est très agréable, même pour un dieu, de s’entendre flatter. Vous devez penser que c’est notre quotidien, que les prières montent vers nous à plein chapelet, que rien n’est trop beau pour Dieu comme disait le curé d’Ars. Il n’en est rien. La plupart de ces artifices font comme les fusées du même nom et retombent avant d’avoir atteint les premières nuées. Au sujet de vos supplications aux dieux de toutes les chapelles je vous invite à réfléchir à ce que disait Karen Blixen dans « Out of Africa » : « Quand les dieux veulent vous punir, ils exhaussent nos prières ». Pensez y la prochaine fois.



Je constate avec désespoir (et pour désespérer Hadès il en faut…) je constate donc cette énergie que vous déployez à gagner du temps pour pouvoir en perdre davantage. Et cette folie accélératrice va se nicher dans toutes vos activités y compris tout ce qui touche à l’alimentation. Hier soir une amie de mon hôte lui disait qu’elle avait envoyé ses enfants chercher à manger chez « Mac Do ». Je me suis renseigné sur cette enseigne. C’est effrayant : la réflexion qui a mené ce monsieur à lancer sa chaîne (le mot est bien choisi) de magasins est la suivante : il voulait pouvoir trouver, partout et à tout heure dans ses déplacements, le même plat qu’il connaissait. Voilà la philosophie de ce boui-boui. L’ennui naquit un jour de l’uniformité disait le poète. Manger partout et toujours la même chose et le plus vite possible. Tu parles d’un programme ! Quelle pauvreté ! Moi qui ne rêve que de découvrir de nouveaux plats, de nouvelles cuisines, de nouveaux fruits. Ouvrir son goût c’est l’éveiller, le développer, et par la même occasion c’est découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, de nouvelles cultures. On dit d’ailleurs partager un repas et cela dépasse la nécessité biologique de faire fonctionner la machine. Et quand on a partagé un repas avec quelqu’un, on a fait un savant mélange de saveurs, d’esprit et d’humanité. On se connaît mieux et quand on connaît l’autre on n’a plus peur de lui et quand on n’a pas plus peur de lui on n’a plus envie de lui faire la guerre. Conclusion : si les américains sont les plus va t en guerre sur votre planète c’est qu’ils sont gavés de Mac Do. CQFD

Depuis que l’homme est homme on mesure le degré de son évolution par différents marqueurs. On a ainsi observé qu’avec le temps on trouvait moins d’éclats perdus sur les sites où vos ancêtres taillaient les silex ce qui révélait une maîtrise progressive du geste. Il en va de même avec la recherche de la nourriture. A l’aube de votre humanité, quand vos lointains cousins ressemblaient déjà aux supporters du PSG, cette tache (je veux parler de la recherche de nourriture et pas des supporters du PSG ...quoique...) cette tache prenait tout votre temps. Au fil de l’évolution elle en a nécessité de moins en moins et aujourd’hui on peut régler çà en deux coups les gros. On dit que c’est un progrès….je n’en suis pas sûr. Le plaisir du choix du menu,de la préparation seul ou à plusieurs, de la préparation, du service, du goût partagé, de la découverte, je pourrai continuer ainsi pendant longtemps. Et ce temps serait du temps perdu? Mais c'est exactement le contraire!Vous ne savez plus faire de pose pour manger comme pour le reste. Réfléchissez à mon conseil en le suivant à la lettre « prenez le temps » c’est ainsi que vous le maîtriserez.

jeudi 21 août 2008

Atacama

Atacama, nord du Chili. Désert absolu où, par endroit, il n’est pas tombé une goutte d’eau depuis des siècles. A part quelques rares et minuscules oasis, pas de vie sauf quelques traces de bactéries…..

Mon hôte rêve de traverser ce lieu avec sa Perséphone.
Seuls tous les deux comme dans un jardin d’Eden où ils seraient porteurs de toute la vie.
Seuls pour que leur attention ne soit pas distraite par des manifestations du vivant autres que celles de l’être aimé.
Seuls pour que tous leur sens soient concentrés sur l’autre afin de n’en rien perdre, de profiter totalement de lui, d’être autant son seul secours qu’il est le votre…
Seuls car l’unique palpitation sera le cœur de l’autre.

Atacama aussi car le désert est le lieu des révélations : révélation de soi d’abord dans la solitude totale, la difficulté de vivre dans une nature vide dont la seule mais terrible hostilité est l’absence de tout repère matériel, humain, social, culturel ; révélation de l’autre comme on ne le connaît peut-être pas ; révélation du sens de la vie dans ce lieu où elle n’est pas familière…

Atacama enfin car le mot seul raisonne comme une incantation de prêtre inca. Il est déjà porteur de mystère, de magie. Le prononcer c’est voyager dans le temps, c’est s’ouvrir des portes cachées sous les pierres. Il invite l’imagination. Il fait peur et il attire, il donne envie d’aller plus loin…

Et puis tout simplement parce que c’est dans un désert qu’est apparu le petit Prince…

vendredi 15 août 2008

Ingrid

Il n’y a pas d’âge pour apprendre à lire. Mon hôte, par exemple, qui a allègrement dépassé le demi-siècle, continue son apprentissage de la lecture. Quand il usait ses fonds de culotte sur les bancs de l’école communale, la seule lecture que l’on apprenait était la même depuis toujours c'est-à-dire la lecture de l’écrit. Depuis cette époque, les temps et le monde ont bien changé et petit à petit, l’image a remplacé l’écrit et c’est à l’apprentissage de cette lecture de l’image que continue à s’atteler mon cher hôte.

Comme tous les curieux, il aime bien faire le travail que se doit de faire tout bon journaliste c'est-à-dire vérifier les sources, les tenants et aboutissants, replacer l’information dans son contexte bref faire un travail d’investigation car il sait bien que la manipulation des populations a toujours été un outil des hommes de pouvoir et de leurs valets. Alors quand un sujet est sur toutes les bouches, sur toutes les unes, sur toutes les télévisions il faut qu’il cherche, s’interroge, sache davantage.

Et le sujet qui a brulé les planches il y a quelques semaines c’est bien sûr la libération d’Ingrid Bettancourt. Je sais ce que vous vous dites : ce gars va encore jouer les empêcheurs de se réjouir en rond, il va trouver tous les défauts à cette pauvre femme, etc….Postulat de départ : étant un otage, Ingrid Bettancourt était par définition innocente : on peut comprendre certaines prises d’otages mais on ne peut pas les accepter. Comprendre un crime c’est y trouver des explications voire des circonstances atténuantes, ne pas l’accepter, c’est le juger et si besoin le condamner. On ne peut donc que se réjouir de la libération de cette femme : pour elle-même d’abord, pour sa famille ensuite.

La seule certitude qui restera sur cette libération c’est que l’on ne saura jamais ce qui s’est passé exactement. On a tout entendu et son contraire et je ne vais pas refaire les JT. Les scénarii les plus abracadabrantesques ont été imaginés.

Mais maintenant que le soufflé est retombé, tout téléspectateur un peu attentif n’a pas manqué de se poser un certain nombre de questions sur l’excellente santé d’Ingrid Bettancourt (d’après les médecins qui l’ont examiné), sur sa récupération physique et psychologique depuis Décembre dernier notamment où on la disait mourante, sur ses nombreux interviews, ses nombreux allers retours Colombie France (épuisants avec le décalage horaire) au lieu de se ressourcer avec sa famille et ses enfants qu’elle n’a pas vu grandir, son omniprésence dans les médias en particulier en France ?

Cela fait beaucoup de questions qui sont évidentes et dire que c’est faire du mauvais esprit que de les poser, c’est considérer que tout ce que les médias nous servent est la vérité absolue. Parlons-en des médias justement. Petit rappel sur la grande estime en laquelle leurs responsables tiennent les téléspectateurs. Il y a quelques mois l’un des deux responsables de TF1 (je crois que c’était Patrick Le Lay) s’était laissé aller, pour une fois, à un élan de sincérité, déclarant que ce que TF1 vendait à ses annonceurs « c’était des espaces de cerveau disponibles ». Cette seule déclaration aurait du suffire à inciter les dits téléspectateurs à aller s’enchaîner ailleurs mais non TF1 reste en tête des indices de part de marché comme quoi Descartes avait raison « l’intelligence est la chose la mieux répartie etc.. » A défaut de respecter ceux qui le font vivre Le Lay respecte pour une fois la vérité. France 2 n’est guère mieux loti puisque Pujadas n’a pas hésité à qualifier Ingrid Bettancourt de « sainte ».

C’est là où l’apprentissage de la lecture reprend tout son sens. L’affaire Bettancourt n’est qu’un évènement de plus qui doit nous inviter à la vigilance : chercher à savoir c’est être citoyen. Dans cette histoire où les gentils (l’armée colombienne) et les méchants (les FARC) ont été clairement identifiés , il est intéressant de creuser et quand on creuse on s’aperçoit que la vérité n’est pas aussi tranchée, que l’économie colombienne est livrée depuis des dizaines d’années à de grandes multinationales américaines qui interviennent sans contrainte sociale ou environnementale. Un épisode sanglant et bien réel en est d’ailleurs rapporté dans « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez lorsque le 5 Décembre 1928, plusieurs centaines de travailleurs bananiers ont été assassinés par l’armée colombienne pour défendre les intérêts de l’United Fruit Company. Depuis cette date plusieurs villages ont été rasés :hommes, femmes , enfants massacrés pour s’être opposés aux « gentils militaires », non sans avoir été baptisés « dangereux guérilleros » avant d’être passés par les armes. C’est de l’histoire ancienne me direz vous. Non . D’abord parce que ça continue. Ensuite parce qu’en politique aussi la laideur a ceci de supérieur à la beauté en ce sens qu’elle dure et en politique la laideur absolue est le non respect des droits humains. Les FARC sont les descendants de ces populations toujours exploitées, toujours méprisées et souvent massacrées. Certes leur mouvement n’est pas toujours blanc blanc, certes ils sont impliqués dans le trafic de drogue (comme de hauts responsables militaires colombiens d’ailleurs) mais de grâce cessez cette classification ange/démon.

Mon hôte ne veut en aucun cas être « téeffeunisé » alors il s’interroge et il doute et il cherche et il trouve d’autres analyses que les officielles, des questions à poser et parfois pas de réponses en face. Le net sert à çà, utilisez le ! Apprenez à lire en permanence et apprenez à lire à vos enfants. Mon hôte n’est ni pire ni meilleur que les autres. Il lui arrive lui aussi de céder à l’émotion devant certaines images mais il essaie - sans toujours y parvenir- de regarder si rien n’est caché sous le tapis.

« Devenir adulte, c'est apprendre à vivre dans le doute et à développer, au travers des expériences, sa propre philosophie, sa propre morale. Éviter le "prêt-à-penser" »

Hubert Reeves

Pour terminer sur une note qui fera l’unanimité je vous livre ce petit bijou du cher Victor sur l’utilité et la grandeur de la lecture.






A qui la faute ?

Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?

- Oui.
J'ai mis le feu là.

- Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d’œuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître
À mesure qu'il plonge en ton cœur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un nœud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

- Je ne sais pas lire.

Victor Hugo

samedi 26 juillet 2008

Le col du Golgotha

C’est l’histoire de quelques dizaines de bonshommes qui font une balade en vélo autour de la France, balade qui a débuté il y a plus de cent ans et qui continue, tous les étés. Rectification : le Tour de France n’est pas une balade c’est une course, une compétition et compétition rime avec pognon.

Depuis quelques années le cyclisme s’est lancé dans une opération mains propres et l’on a découvert ce qui était un vrai secret de polichinelle à savoir que les cyclistes se dopaient à l’insu de leur plein gré ou à l’insu du plein gré qui de leur entraineur, de leur docteur, de leur masseur, de leur directeur sportif enfin bref tout le monde savait mais tout le monde se taisait

Alors chaque année le Tour a pris l’habitude de faire ressortir son lot de tricheurs. Le couperet est tombé cette année sur quelques uns dont le dénommé Ricco ou Rocco (pas Siffredi l’autre), vainqueur de deux étapes sous les hourras, chassé sous les huées et la queue basse (c’est bien ce que je disais !) et arrêté par la maréchaussée comme un bandit de grand chemin. C’est effectivement un bandit de grand chemin car il menace une affaire qui draine beaucoup d’argent et çà c’est sacré : c’est là qu’est sa faute. La majorité des sportifs qui font de la compétition se dopent à des degrés divers, avec des produits plus ou moins violents, plus ou moins efficaces ; l’efficacité se mesurant d’abord à la performance que permet de réaliser le produit et ensuite à sa discrétion dans les contrôles. Un ami de mon hôte, entraîneur de rugby, m’a avoué avoir surpris des cadets prendre un tube entier de Guronsan avant un match. Je ne suis pas sûr que ce soit dangereux mais je suis sûr que la démarche psychologique, elle, est dangereuse et le gamin qui fait çà, sera prêt à passer à autre chose quand l’enjeu sera plus important.

C’est bien sûr le système qui veut çà. J’en veux pour preuve que selon les sports ou les pays le dopage est plus ou moins autorisé. Prenez les footballeurs américains qui marchent au super avec plomb et qui meurent très riches, et très célèbres mais avant 50 ans pour beaucoup d’entre eux. Revenons au rugby et à ce qui se passe dans l’hémisphère sud où la créatine est autorisée alors qu’elle est interdite chez vous.

Cessez ces hypocrisies. La société a besoin de vedettes, de stars, de surhommes et les surhommes ont besoin d’assistance médicale (ça passe mieux que dopage non ?) car tous seuls ils ne peuvent pas faire ce que vous attendez d’eux. Ce que vous attendez d’eux ce sont juste des miracles accomplis dans la peur, la souffrance, le sang et la sueur comme un accouchement qui donnerait naissance à un exploit et s’ils se font prendre vous les brûlez. L’Humanité a toujours brulé ses idoles. Alors autorisez le dopage à fond et on verra bien quel laboratoire pardon quel athlète sera le meilleur!

Il y a presque 2 000 ans le dénommé Christ de son prénom Jésus, grand juif blond, -ce qui même à l’époque était assez rare-, faisait lui aussi des miracles et sa dope à lui c’était l’amour du prochain et toute cette sorte de choses s’il faut en croire les écritures…. On ne lui a pas fait de cadeaux et il est mort en haut du col du Golgotha. Lui aussi, au-delà de ses délires, menaçait des intérêts bien matériels et déjà ça pardonnait pas. Plus près de nous et pour en revenir au cyclisme, le dénommé Tom Simpson n’est pas arrivé en haut du sien de Golgotha et il est mort par un torride après-midi de Juillet 1967 sur les pentes du Mont Ventoux sur sa croix à lui : son vélo,….

On peut déduire de ce qui précède qu’il n’y a qu’un miracle qui permette de grimper le col du Golgotha ou d’ailleurs et qu’aujourd’hui comme hier il reste très dangereux de faire des miracles….

Il y a un moyen simple d’arrêter cette folie : c’est de donner au vainqueur une simple couronne de laurier ou une tresse d’oignon mais bon pour la bise de la jeune fille, l’oignon ça le fait moins quand même. En dehors du fait que ça ne coûte pas un radis (très drôle l’oignon qui coûte pas un radis non ?) ça calme les esprits. Mes voisins du dessous, les grecs, font çà pendant leurs jeux à Olympie et ils arrêtent de se massacrer pour décrocher la couronne alors pourquoi pas vous ?

vendredi 11 juillet 2008

Good luck, Mr Gorsky

On se souvient tous de Neil Armstrong, premier mortel à avoir marché sur la lune et de la fameuse phrase qu’il prononça au moment où il posait le pied sur l’astre des nuits : "Un petit pas pour l'homme, un bond de géant pour l'humanité". Avant de redécoller de la lune, il a prononcé une autre phrase beaucoup moins connu et bien plus énigmatique : "Good luck, Mr Gorsky."

Les techniciens de la NASA ont en vain cherché un cosmonaute soviétique qui s’appelait ainsi : c’était l’heure de la course à l’espace entre les deux grands. Mais personne ne répondait à ce nom. Plus tard les journalistes ont systématiquement demandé à Armstrong l’explication de sa phrase mais ce dernier a toujours souri, sans jamais répondre.

Ce n’est qu’en juillet 1995, lors d'une conférence de presse à Tampa (Floride), que Neil Armstrong s’est senti autorisé à répondre à la question, Mr Gorsky étant mort peu de temps auparavant.

Quand il était gosse, il jouait au base-ball avec un ami dans l'arrière-cour de sa maison. Son ami a frappé la balle qui a atterri juste au pied des fenêtres de la chambre à coucher de leurs voisins qui s’appelaient Monsieur et Madame Gorsky.

Pendant qu'il se penchait pour ramasser la balle, le jeune Neil a entendu Mme Gorsky crier à M. Gorsky, "Une pipe? Tu veux une pipe? Je te ferai une pipe quand le gosse des voisins marchera sur la lune!"

Je ne vous ai pas habitué à ce vocabulaire mais l’histoire était trop drôle pour la tronquer par une adaptation plus correcte !

jeudi 3 juillet 2008

Riez nom de dieu!!!

Pour nous le rire n’existe pas et, comme dit Pagnol c’est un cadeau que les Dieux ont fait aux hommes pour les consoler d’être intelligent. Mais je sais l’importance qu’il a chez les mortels et je sais aussi qu’au long de leur histoire c’est un fil conducteur. Sa présence et son contenu sont des marqueurs politiques, culturels, religieux et sociaux. Non ne t’en vas pas mon pote ! Je vais pas faire dans l’intello. Chez nous y a des spécialistes pour çà. Moi tu sais d’où je viens ? Je suis un tellurique.

Le rire peut servir à tout c'est-à-dire aussi à n’importe quoi. Y en a qui joue du piano et y en a qui les déménage pour le rire comme pour le reste. Mais quand on rit c’est toujours au dépend de quelqu’un. Dès lors on peut rire de tout on doit rire de tout. Cela a déjà été dit et répété mais c’est bon d’insister.

Le rire est une arme contre la bêtise, contre la violence aveugle, contre le désespoir, contre la souffrance ; contre la maladie et bien sûr contre la mort. Le rire dénonce , il dérange, il désarme. Mais le rire n’a pas que ce côté obscur. Il peut aussi séduire. Il parait que les mortelles n’y sont pas insensibles et que les plus grands séducteurs ont beaucoup d’humour. Je doute un peu de cette rumeur qui court chez vous :. celui chez qui je me suis installé dernièrement semble ne pas manquer d’esprit mais je ne lui sais pas beaucoup de conquêtes. Il faut dire que c’est un sentimental : il me fait l’impression de s’être trompé de siècle.

Celui qui fait rire est souvent quelqu’un qui souffre et parfois même c’est un désespéré. Regardez les plus grands, disparus pour la plupart : Chaplin, Keaton et plus près de nous même s’ils ne sont pas dans ce panthéon : Desproges ou Métayer. Regardez le Cinéma italien des années 70 : « pain et chocolat », « les monstres », « les nouveaux monstres », et bien sûr plus près de nous « la vie est belle ». On rit pour ne pas pleurer et parfois on pleure de rire et aussi on pleure de ne plus pouvoir rire. Sur le fil du rasoir, on hésite et on n’est pas le seul et puis parfois on bascule du côté des larmes et il pleut dans votre miroir.

N’en ayez pas honte mes chers mortels, c’est quand vous êtes « humains » qu’Hadès vous aime le plus même si cela lui enlève quelques clients il sait bien que la multitude lui apportera son lot au royaume des ombres….. ; Alors riez que diable.. ;.(voilà que çà me reprend !!!!

mardi 24 juin 2008

L'acacia, la girafe et le mathématicien

Il est 5H30, le jour se lève, le soleil ne devrait pas tarder, c’est toujours le jour qui se lève le premier , c’est lui qui prépare le café tous les matins. Parfois même l’autre feignasse ne se lève pas avant midi, parfois même il reste caché/couché pendant plusieurs jours, plusieurs semaines et même plusieurs mois parait il là-haut vers le nord.

Par la fenêtre on entend le rossignol. Il n’arrête pas le bougre. Il sait que ses jours sont comptés alors il vit à cent à l’heure. Il me fait penser à l’empressement de la nature en haute montagne : elle n’a que quelques semaines pour pousser, fleurir, se reproduire alors dès que la terre commence à se réchauffer elle explose.

On a coutume de croire que seul l’homme a une conscience, qu’il est le seul à se savoir exister, se situer dans le temps et savoir qu’il va mourir. Les autres êtres vivants ne semblent réagir que dans l’instant et tout vivre pour la première fois. Bien sûr ils mémorisent leurs expériences : ceux qui chassent par exemple vont améliorer leur technique. Mais pas de conscience dans cet enregistrement.

Changeons d’échelle et au lieu de prendre un être vivant isolé prenons un groupe : les insectes sociaux par exemple comme les fourmis ou les abeilles. Une abeille toute seule même dans les conditions météo idéales de l’été vit en moyenne 45 jours mais isolez là de la ruche et en quelques heures elle sera morte. Et à l’intérieur de la ruche, où il y a des dizaines de milliers d’abeilles règne une organisation parfaite, spartiate certes, impitoyable oui mais qui assure la pérennité de la colonie. Tout ceci relève du comportement naturel nous dit on. Soit.

Changeons d’espèces et allons faire un tour chez les végétaux. Prenons certaines variétés d’acacias qui vivent en Afrique à ne pas confondre avec les robiniers faux acacias qui vivent en Europe (n’est ce pas Perséphone ? elle confond toujours). Certaine espèce voit sa végétation sommitale souvent mangée par les girafes. Cet arbre a développé au fil du temps une défense naturelle et quand une girafe commence à grignoter ses feuilles, il émet une substance toxique et la grande dégingandée est obligée d’abandonner le buffet mais l’ingéniosité de l’arbre -et au-delà de Mère Nature- ne s’arrête pas à faire fuir la girafe. Cette substance, portée par le vent, va croiser d’autres acacias qui, réceptifs à ce qu’il faut bien appeler un message d’alerte, vont se mettre eux aussi à produire le même répulsif et inciter les girafes affamées à passer leur chemin.

Changeons à nouveau d’échelle et aussi d’espèces. Ne prenons plus un individu, animal ou végétal, ni un groupe d’individus mais la totalité des espèces mais aussi l’espace sur lesquels elles s’ébattent dans la plus grande insouciance. Bref prenons la terre dans sa globalité et qu’observons nous ? Qu’elle se comporte comme une espèce isolée, qu’elle a un comportement « naturel » -le contraire aurait été étonnant- mais que des changements brusques peuvent apparaître. Son comportement « naturel’ qu’on appelle l’évolution, s’étale sur plusieurs milliers, millions et parfois même milliards d’années et ses changements brusques sur quelques siècles et parfois même sur quelques dizaines d’années : le réchauffement climatique par exemple ressemble fort à une réaction à une agression, celle de l’espèce humaine bien sûr.

A ce stade du match je vous laisse cinq minutes pour la pose cigarette, bière, toilettes dans l’ordre qui vous plaira- pardon mesdames de ces propos très masculins- et pas machistes- mais qui ne font finalement que mettre à nu l’extrême délicatesse qui vous caractérise. Bon c’est bon tout le monde est revenu ? Messieurs c’est fini : les canettes sont ouvertes , les braguettes sont fermées et non le contraire ? Alors le match reprend.

A ce moment de la partie, je suis sûr que vous êtes en train de vous dire que ce mec fume et fume de plus en plus tôt le matin. Pas du tout et je le prouve.

Je vais essayer de mettre en adéquation ce qui précède avec une théorie mathématique assez récente –elle date des années 70- la théorie des fractales. Je vais faire simple car je serai bien em……si je devais rentrer dans les détails et je ne suis pas sûr d’être simple en voulant ne pas être compliqué (j’ai été clair là non !).

Une fractale est une forme infiniment imbriquée dans elle-même dont certaines parties sont semblables au tout. La nature nous offre maints objets fractals: une feuille d'arbre ressemble à l'arbre lui-même, un caillou évoque une montagne, un morceau de chou-fleur ressemble au chou-fleur en entier.et la Bretagne, par exemple, est un objet fractal parce que quelle que soit l’échelle à laquelle on l’observe –espace, avion, au niveau du sol- on fera les mêmes constatations sur le découpage de sa côte...La géométrie euclidienne ne pouvant pas définir avec précision ces objets naturels complexes, le mathématicien polonais –comme quoi y a des polonais qui picolent pas – Benoit Mandelbrot a développé la théorie des fractales pour décrire ces formes.

Maintenant que vous savez à quoi sert cette théorie vous vous demandez qu’elle est son utilité au quotidien : infinie et dans beaucoup de domaines comme l’informatique, la médecine, la construction, etc.…La construction par exemple : on s’est aperçu que le relief des côtes amortissait le bruit des vagues et cette observation associée à la théorie des fractales, a permis de construire des murs antibruit beaucoup plus efficaces.

Quel rapport avec tout ce qui précède ?

Raisonnons par analogie et appliquons la théorie des fractales non plus à des objets mais aux comportements que l’on observe sur terre. Nous constatons que tous les êtres vivants communiquent entre eux et que la terre, inerte, communique aussi avec le vivant qu’elle supporte – et le mot est plein de sens aujourd’hui- .Quelle que soit l’échelle à laquelle on se place sur terre il existe une communication entre tout ce qui existe vivant ou pas. Dès lors pourquoi serions-nous les seuls à avoir une conscience ? Si ce n’est à cause de notre modestie anthropomorphique qui nous pousse, comme je le rappelai au début de cette séance d’hypnose collective, à nous croire les seuls êtres pensants. La théorie des fractales , si on pouvait l’appliquer au comportement, permettrait de prouver qu’il existe une conscience collective, totale, dont la conscience humaine ne serait qu’une émanation, peut-être la plus développée –mais pas la plus raisonnable-.

C’est à cette hypothèse que je voulais en venir. Je crois que tout ce qui existe pense et participe du même mouvement. Reste à le prouver aux scientifiques dont au sujet desquels vous savez ce que je pense !

Bon ben ça me vaut rien de me lever à 5H00 du matin, moi. Je t’ai un de ces coups de barre …

lundi 23 juin 2008

La petite Elvire

Mon hôte travaille avec des enfants, allez ce n’est pas traduire grand secret si je vous dis que c’est dans un collège avec la tranche d’âge 11/16 ans. Le bel âge : celui où ils sont à la fois le plus chiant (y a pas d’autre mot je crois) et le plus attachant ce laps de temps très court où les petites filles deviennent femme dont on dit qu’elle est si belle au sortir de l’enfance et les petits garçons de grands benêts et je suis poli.

On vit avec nos enfants tous les jours alors parfois on ne les voit pas grandir mais de l’extérieur, les gosses des autres on les voit de temps en temps et parfois on ne fait pas attention à eux pendant plusieurs semaines, plusieurs mois et tout d’un coup on voit débarquer une grande pleine de seins ou un grand plein de poils et dans tous les cas de boutons et de doute. Ils sont merveilleux et je les adore même les plus durs peut-être davantage que les autres les plus durs. On ne prête qu’aux riches et ils sont très riches de souffrance et y a des gosses qui souffrent vous n’avez pas idées. Des petiots qui n’ont rien à faire des math, du français ou des sciences de la vie et de la terre. Ils viennent chercher au collège un équilibre, une reconnaissance, des repères qu’ils n’ont plus, qu’ils n’ont peut-être jamais eu.

Des familles à la Zola pas toujours très pauvre mais souvent et souvent avec le cortège de béatitudes qui va avec : pas de boulot ou des trucs à mi-temps pour 6 mois (juste de quoi faire plaisir aux statisticiens du chômage), et puis aussi un des parents qui picole (parfois les deux) enfin le quart monde quoi. Ca existe devant chez moi donc devant chez vous. Et çà vous fait des gosses brisés à qui il faudrait 7 vies comme les chats, pour arriver à en vivre une à peu prés correcte. Alors avec l’assistante sociale on essaie de repérer les enfants en situation difficile. Les repérer c’est facile, intervenir ça l’est moins. Mais l’AS elle sait faire : trouver les mots, amener les situations qui permettent de parler aux enfants comme à leurs parents. Parce que vous avez remarqué que, autant les pleins aux as ils s’étalent au grand jour, autant les fauchés sont très discrets c’est pour çà d’ailleurs que l’on croit qu’ils n’existent pas et donc que l’on ne fait rien pour eux.

La petite qui m’amène à vider mon sac ce soir s’appelle Elvire : un petit bout de chou de rien du tout que l’AS suivait depuis quelques temps et dont elle pensait qu’elle ne mangeait pas à sa faim. Elle m’avait prévenu et un matin à l’arrivée des bus, vers 7H45, j’ai vu débarqué la petite Elvire à mon bureau.

Elle a frappé à ma porte et je suis allé lui ouvrir. Elle était là devant moi avec son petit mètre trente et ses grands yeux bleu et cernés et un grand sourire. Et l’association de ce sourire et de cette tristesse donnait une douloureuse image de désespoir. Je l’ai prise par l’épaule et je l’ai conduite à la salle à manger du personnel. J’avais prévenu le cuisinier et il avait préparé ce qu’il fallait et je lui ai servi son petit déjeuner. Je lui ai demandé si elle avait faim mais ma question était idiote : il suffisait de la regarder manger pour s’en rendre compte. Elle m’a répondu « Oh oui » en attaquant la troisième tartine. J’en aurai chialé de rage mais comme elle était là je lui ai fait un grand sourire et je lui ai dit de prendre son temps que j’allais prévenir sa prof de SVT qu’elle serait un peu en retard.

Tous les matins la petite Elvire vient prendre son petit déjeuner au collège et quand j’ai le temps je l’accompagne en prenant un café. C’est mon premier bonheur de la journée. La semaine prochaine ce sont les vacances et qui va lui donner son petit dèj à mon petit oiseau hein , toute seule chez elle avec son père fauché et le frigo vide?

Au vu de la comptabilité publique je suis fautif car je la nourris gratuitement. Pour être en règle avec le droit il faudrait que je la laisse le ventre vide. On vit une époque formidable. Que faire je ne sais pas alors je continue mon travail de fourmis et je donne à manger ou à sourire (ce qui est un peu la même chose) à des enfants. Y a pire comme métier mais tant que je continuerai à le faire c’est qu’il y aura des petites Elvire qui partiront de chez elle le ventre vide et la tête pleine de questions sur le monde où elles ont débarqué.

Pardonnes mon blues de ce soir mon pote mais les petites filles tristes me bouleversent et les grandes aussi d’ailleurs n’est ce pas Perséphone ?

mercredi 18 juin 2008

Des dieux et des hommes...

Est-ce que les dieux existent ? Certains d’entre vous se posent souvent la question.Le postulat de départ étant que, moi, Hadès, j’existe puisque j’ai écrit cette prose que vous êtes en train de lire . CQFD. J’entends déjà les commentaires :: ce sont les hommes qui ont créés les dieux soit pour les aider à supporter la vie et accepter l’idée de la mort soit pour pouvoir dominer leurs semblables. Ou bien encore s’il n’y avait pas de mortels il n’y aurait pas de dieux.

Il n’y a rien qui vous choque dans cette dernière phrase ? Cet anthropomorphisme est le même qui vous fait vous croire unique dans votre univers et ce qui est surprenant c’est que les croyants et les athées l’utilisent en chœur pour arriver à des positions diamétralement opposées. Cette réduction de la pensée est votre défaut majeur en tant qu’espèce. Elle aveugle votre raison et sera peut-être la cause de votre perte. Même aujourd’hui où vous avez réussi à dérégler le fonctionnement de votre caillou, la majorité d’entre vous continue à raisonner en espèce supérieure, qui, soit par choix divin (je peux vous assurer que là on n’y est pour rien) soit par résultat de l’évolution, êtes les maîtres de ce grain de poussière. Quel orgueil mal placé !

Bien sûr il y a en vous une part de déicité puisque c’est nous qui vous avons créé et j’en veux pour preuve que vous êtes capable du pire et du meilleur .comme le sont les dieux. Vous connaissez les exemples mieux que moi alors je ne vais pas vous les citer.

Pour la même raison il y a en nous un part d’humanité, celle qui nous a servi de modèle pour vous créer. Et je n’ai qu’à prendre mon cas personnel pour vous le prouver. Cet amour fou que j’éprouve pour Perséphone, il n’a rien de divin et c’est bien là ma plus grande faiblesse. Mais nous ne raisonnons pas, nous, par anthropomorphisme. Nous n’avons pas besoin de tout ramener à nous puisque nous sommes tout. Nous savons, nous, que vous n’êtes pas seuls et que même quand vous aurez disparu de votre terre, la force de vie que nous y avons insufflé sera toujours présente et prendra le relais et Mère Nature fera se développer au gré de son humeur, du vent, des courants ou de la température une espèce d’insecte, d’oiseau ou de plante. Oui ça me plait assez les plantes : imaginez une terre dominée par les fleurs c’est quand même plus chouette que les zibous pardon les obus..

Vous vous souvenez que c’est Prométhée qui vous a donné la vie et le feu. Mais si, je vous en ai parlé il y a quelque temps déjà, faut suivre hein ! Mais vous avez ensuite inventé un autre feu ; celui des étoiles et c’est là que tout a basculé. Un peu d’Histoire, Ca fait toujours du bien l’Histoire : si l’on veut savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. Ce qui suit est très sérieux. En 1939 le manuel d’instruction de la cavalerie polonaise comportait un chapitre consacré au maniement de la lance. Six ans plus tard deux bombes atomiques explosaient sur le Japon. Vous aviez acquis une infime partie de notre pouvoir mais trop vite, sans la peur qu’aurait du vous donner la raison.. Cette raison est finalement votre seule qualité et vous semblez la négliger et comme tous les dons qu’on ne développe pas elle s’atrophie Et si finalement le but ultime de l’évolution était de vous faire remonter dans les arbres – arbres que vous n’auriez jamais du quitter comme le disait Oncle Vania……(j’espère que tout le monde connaît Oncle Vania !!)

Pas très rigolo aujourd’hui le père Hadès mais c’est normal puisqu’on parlait de votre avenir…

mardi 10 juin 2008

Le casseur de cailloux et la cathédrale

Ce n’est pas à toi mon pote que je ferai l’injure d’apprendre que la recherche du bonheur est l’une de vos principales activités et la société dans laquelle vous vivez vous persuade chaque jour un peu plus que la promesse du bonheur est dans la consommation immédiate et continue. Se positionner dans un projet de croissance infinie est un non-sens puisque les ressources de la terre sont, elles, limitées. La consommation est mortifère. Elle ne donne pas le bonheur, elle donne le bien-être, ce qui est immédiat ce qui vous empêche d’attendre un jour meilleur parce que l’on veut tout tout de suite alors que le bonheur nécessite une réflexion, un projet et que ce projet se construit et nous oblige à la patience. La projection dans l’avenir est d’ailleurs une spécificité humaine (du moins sur votre planète) Ce qui donne de la valeur aux choses c’est le temps qu’il faut pour les obtenir. Certes il faut un minimum de confort matériel mais ce qui détermine le bonheur c’est le sens qu’on donne à ce que l’on fait.

Je ne résiste pas au plaisir de citer Boris Cyrulnik qui raconte la fable du casseur de cailloux qui est attribuée (à tort semble t il ) à Charles Péguy ;

« Charles Péguy va en pèlerinage à Chartres. Il voit un type fatigué, suant, qui casse des cailloux. Il s’approche de lui: «Qu’est-ce que vous faites, monsieur? – Vous voyez bien, je casse les cailloux, c’est dur, j’ai mal au dos, j’ai soif, j’ai chaud. Je fais un sous métier, je suis un sous-homme.» Il continue et voit plus loin un autre homme qui casse les cailloux; lui n’a pas l’air mal. «Monsieur, qu’est-ce que vous faites? – Eh bien, je gagne ma vie. Je casse des cailloux, je n’ai pas trouvé d’autre métier pour nourrir ma famille, je suis bien content d’avoir celui-là.» Péguy poursuit son chemin et s’approche d’un troisième casseur de cailloux, qui est souriant, radieux: «Moi, monsieur, dit-il, je bâtis une cathédrale.» Le fait est le même, l’attribution du sens au fait est totalement différente. Et cette attribution du sens vient de notre propre histoire et de notre contexte social. Quand on a une cathédrale dans la tête, on ne casse pas les cailloux de la même manière »

Il faut lire Cyrulnik : c’est une joie de l’esprit. Il nous ouvrira des portes dont on ignorait jusqu’à l’existence. Il nous apprendra à mieux nous connaître et à mieux appréhender nos semblables. Enfin et surtout, si vous vivez déjà en enfer sur terre , il vous aidera peut-être à en sortir : tout ça n’est pas très cohérent dans la bouche d’Hadès .C’est encore mon humanité qui reprend le dessus . Il va falloir que je me surveille ……....

samedi 7 juin 2008

Histoire de famille

Petit rappel sur nos histoires de famille: chacun sait que c’est mon frére Zeus qui domine notre monde qui est bien plus vaste que votre …comment dites vous déjà…village je crois…oui c’est çà le village où il fait bon vivre, Zeus donc a du batailler ferme pour arriver à prendre le pouvoir. Je vous rappelle qu’il est le seul à n’avoir pas été dévoré par notre père ce vieux fêlé de Cronos et que c’est lui qui nous a libéré avant de prendre la place de l’ancien. On lui en est d’ailleurs tous très reconnaissant mais une fois installé sur le trône il a changé notre Zeuzeu (c’est comme çà qu’on l’appelait entre nous parce qu’il lui restait un poil de la chèvre Amalthée sur la langue). Il n’y est pas arrivé tout seul en haut et sans nous il serait resté caché en Crête toute sa vie à téter sa chèvre. Le contrat au départ était qu’on participerait aux décisions, qu’il entendrait nos avis et qu’il en tiendrait compte enfin toutes ces choses qui ont fait que vos semblables de l’époque qui vivaient juste en dessous de nous ont inventé plus tard la démocratie.

Mais le pouvoir rend sourd, aveugle et parfois aussi intéressé et c’est ce qui est arrivé à notre Zeus. Pas plus tôt installé sur son trône, il a tout oublié. Chacun d’entre nous a été enfermé dans son domaine de compétence et interdiction d’en sortir. Il contrôlait tout et dans le même temps il faisait lui ce que bon lui semblait. Je ne te raconte pas le nombre de déesses et de mortelles qu’il a abusé, à tout les sens du terme, en se transformant en tout ce que tu peux imaginer.

Dans le même temps si l’un d’entre bougeait une oreille je te dis pas le coup de 380 qu’il nous envoyait avec son sabre laser pardon sa foudre portative. Prends ce pauvre Prométhée par exemple. C’était le contraire du mauvais cheval, Prométhée, et voyant cela Zeus lui avait confié la tache de créer la vie sur terre mais Prométhée, qui ne pensait qu’à faire le bien a aussi appris aux hommes à faire le feu, ce qui était un privilège des dieux. Il a eu le temps de le regretter le pauvre bougre. Quand Zeus a vu tous ces petits feux de joie s’allumaient sur votre terre il est entré dans une colère noire et il a collé le pauvre Prométhée attaché sur un rocher avec un coin d’acier planté dans la poitrine. Mais çà n’a pas calmé Prométhée et il a continué à insulter Zeus alors celui-ci a aggravé la punition en envoyant son aigle préféré (ouais chez nous le canari çà fait mauvais genre) lui dévorer le foie tous les jours d’où l’expression que vous utilisez je crois « se faire bouffer le foie ». Bon quelques milliers d’années plus tard tout çà est rentré dans l’ordre et ils ont fait la paix.

Excuses moi je me suis laissé emporter dans mes histoires de famille et je ne sais plus où je voulais en venir ; ha oui çà me revient. Je voulais te dire que vous ne savez pas la chance que vous avez de vivre dans ce régime mis aux points par les grecs. Ce n’est pas chez vous que ce genre de choses pourrait arriver n’est ce pas ?

vendredi 30 mai 2008

Faut il supprimer les fonctionnaires?

En ce début de siècle où les désordres planétaires sont partout ne serait il pas temps de se poser la question. Mon hôte est fonctionnaire. De l’Education Nationale : les pires …et les plus nombreux. En plus c’est même pas un prof, non, juste un administratif . Surprise générale hein ? Vous ne saviez pas qu’il y avait des personnels administratifs dans les collèges et les lycées ? Des petites mains qu’on ne voit jamais et qui travaillent dans l’ombre.

Avant d’aller plus loin, je tiens à préciser que pour faciliter la compréhension de ce billet, j’ai utilisé un vocabulaire courant mais abscond pour la plupart des fonctionnaires : le verbe « travailler » par exemple est très peu usité à la première personne du singulier et toujours au passé compliqué (parce que simple ça ne se fait pas dans l’administration). Un fonctionnaire dira donc : « Hier j’ai travaillé » ce qui reste assez difficile à vérifier sauf à mesurer quotidiennement la surface de forêt amazonienne abattue car l’administration produit essentiellement du papier même en ces temps de numérisation de la communication il y a encore des services qui ne connaissent que la bonne feuille A4 et il y a des futuristes qui, placés juste au-dessus d’eux dans l’échelle de la modernité, viennent de passer brutalement au minitel…..

Avant l’extermination complète de cette espèce, il conviendrait d’en conserver un couple qu’on pourrait installer au Pavillon de Breteuil à Sèvres à côté du mètre étalon. Ainsi les générations futures pourraient admirer à loisir et pour les siècles des siècles (j’aime bien cette expression) les derniers représentants de cette tribu heureusement disparue qui a sclérosé le beau pays de France pendant si longtemps.

J’entends déjà vos esprits chagrins s’élevaient contre de tels propos. Je suis au regret de vous dire que vous n’êtes pas dans le vent de l’histoire. Nous sommes enfin en marche vers cette société parfaite où chacun gagnera en fonction de ses mérites. Une société où, comme le disait l’éternel regretté Pierre Desproges : « En temps de paix le riche prendra la sueur au front des pauvres et en temps de guerre, le pauvre prendra la place des riches……au front également » J’entends déjà vos arguments : mais je connais des instituteurs qui adorent leur gosse et qui ne ménagent ni leur temps ni leur peine et des infirmières qui ne prennent pas tous leurs congés pour faire fonctionner leur service….et alors ce n’est que justice ! Ces gens ont la sécurité de l’emploi et ils doivent donc en payer le prix avec une reconnaissance qu’on peut mesurer avec un coefficient voisin de zéro et des salaires qui, s’ils étaient connus, déclencheraient bien des rires.

L’Etat doit se recentrer sur ses taches régaliennes. Je crois utile de vous rappeler que, pour ceux qui rêvent d’un nirvana à très court terme sur cette planète (c'est-à-dire un monde sans fonctionnaire), les taches régaliennes se réduisent à une seule : la violence légitime c'est-à-dire le maintien de l’ordre avec son donneur d’ordre justement que serait la justice. Tout le reste peut et doit être privatisé ! Dieux merci c’est bien parti et ceux qui pensent naïvement que l’Etat peut avoir un rôle de régulateur de l’économie et de réducteur des inégalités en seront pour leur argent le jour où on leur aura prouvé par a + b que seule une société basée sur le profit a des chances de durer.

mardi 20 mai 2008

Le plus vieux métier du monde

Les dieux, comme les hommes, ont leurs activités, leur « boulot » comme vous dites. Moi par exemple c’est le royaume des ombres. Mais nous n’avons pas la retraite à 60 ans puisque pour nous le temps n’existe pas ; nous devons travailler pour l’éternité sans jamais changer de branche. C’est comme partout :y a des périodes tranquilles et puis y a des coups de feu et là tout le monde doit être au fourneau –au propre et au figuré- Pendant les guerres ou les épidémies ça n’arrête pas. Et Dieu sait (ben oui forcément!) que ça ne manque pas sur terre.

Chez vous les métiers changent avec le progrès et tous vos prévisionnistes s’avouent incapables de nommer la moitié des emplois que vous exercerez dans vingt ans. Je me demande d’ailleurs pourquoi vous continuez à les appeler ainsi puisque leur seule certitude sur l’avenir c’est de n’en pas avoir…J’ai un ami maréchal-ferrant à qui plus personne n’amène de chevaux puisque c’est lui qui va les ferrer dans leur pré avec sa voiture atelier. Le tailleur de silex a, lui, disparu de la planète sauf peut-être dans quelques tribus de Papouasie Nouvelle Guinée ou dans les gradins du cop de Boulogne au Parc des Princes les soirs où les supporters du PSG ont à cœur de nous rappeler que les néanderthaliens n’ont pas complètement disparu.

Les historiens, encore eux, ont longtemps cherché à savoir quel était le plus vieux métier du monde et dans leur grande générosité et leur absence totale de misogynie, ils l’ont même attribué aux femmes qu’ils ont qualifié de « légères » en société et de « putes » dans l’intimité.

En fouillant chez mon hôte, j’ai trouvé (il ne jette rien !) une coupure du journal « Le Monde » de 1979 publié peu de temps après la mise en place en Iran de ce merveilleux régime qu’est la république islamique qui a tant fait pour mon royaume. C’est un billet qui parle justement du plus vieux métier du monde. C’est un petit bijou d’humanité (nobody is perfect…) où tout est dit en quelques lignes. Il est intemporel et a été écrit par Bernard Chapuis ; Il faudrait le lire dans toutes les écoles par respect pour l’être humain en général et les femmes en particulier.


« Le plus vieux métier du monde

Trois prostituées iraniennes ont été fusillées pour ce qu’elles étaient, le bon à tirer pour le peloton d’exécution ayant été signé par un de ces tribunaux islamiques chargés de traquer impitoyablement le mal partout où il se trouve.

Il leur reste d’ailleurs beaucoup de besogne à accomplir, car dans la logique de leur zèle purificateur, après avoir effacé l’effet du mal qu’est la prostitution, il leur faudra s’attaquer aux causes du mal que sont le désir des hommes ou la misère sexuelle. Mais cela ne leur suffira sans doute pas, et ils devront remonter jusqu’à l’origine des temps, où Eve précipita Adam dans le péché. Quand ils en seront là, ils n’auront plus que le fantôme de la tentation à fusiller et l’on s’apercevra alors que ce ne sont pas les prostituées qui exercent le plus vieux métier du monde mais les bourreaux. »

Respect Mr Chapuis de la part d’Hadès.