Kaboul ! Kaboul où l’on manque de tout sauf de combattants. Kaboul où l’on ne jette rien sauf des bombes. Kaboul qui fonctionne au système D : D comme débrouille, D comme dérobé, D comme démonté, D comme durable. Kaboul où, grâce au système D justement, on finit par trouver de tout. Et notamment de l’intelligence, du savoir faire, des solutions là où, depuis longtemps déjà, nous avons baissé les bras, arrêté de chercher et donc de trouver.
Il y a à Kaboul un quartier où l’on récupère, démonte, répare tout ce qui touche de près ou de loin au numérique et à l’informatique. Avec 3 appareils photos en panne -pas forcément de la même marque- on vous en fait un en état de marche. Dans ce capharnaüm on trouve de tout puisqu’encore une fois, on ne jette rien. Rien ne s’y perd, rien ne s’y crée, tout s’y transforme. Lavoisier devait avoir des origines afghanes. Le contraire de nous qui jetons tout et ne trouvons rien. On y enseigne, aussi, la maitrise de l’outil informatique, dans des conditions inacceptables pour nous.
Cette info, péchée dans la revue l’Ordinateur Individuel de ce mois ci, me ramène une fois de plus à redire tout ce qu’il y a à apprendre des gens de peu, des pays de peu ; tout ce que le confort technique et l’abondance nous ont fait perdre.
Et nous qu’avons-nous en face ? Un premier ministre en quasi chômage depuis 2007, tant il est phagocyté par le Président et qui, à défaut de pouvoir changer la vie du pays essaye de prévoir le temps qu’il va y faire. Doit-il se sentir impuissant le pauvre François pour suivre aveuglément sa cellule de conseil en communication qui n’a pas été fichue de lire le bulletin météo publié dans toutes les gazettes. Et que penser de la capacité à restaurer la confiance d’une équipe qui a comme priorité la qualité des prévisions météo ? A moins que tout cela ne soit qu’un écran de fumée pour parler d’autre chose que du chômage, du pouvoir d’achat ou du partage des richesses. Dans les 2 cas les élites qui nous gouvernent se moquent des citoyens.
On sait que le sens des mots peut changer dans le temps. On a trop tendance à oublier que ce sens peut également changer dans l’espace. Nous vivons dans une société du jetable ; seule solution à la marche forcée de la vente, elle-même quasi forcée. Alors l’on me dira que de plus en plus la récupération se met en place, que bientôt tous les déchets seront inscrit dans cette filière du recyclage. Mais cette solution est trompeuse car elle mène elle aussi à l’échec. Le recyclage ne fait que retarder de quelques années le problème du manque de matières premières. La seule solution consiste dans la limitation de leur consommation. La solution existe : c’est celle des bricoleurs afghans ou d’autres pays sans ressources qui consiste à recycler pour faire durer le produit et ainsi diminuer le prélèvement des matières premières. On voit par là que la nature du produit n’a rien à voir dans sa durée de vie et que le même bien qui est jetable chez nous est durable en plein Afghanistan et qu’il suffit de quelques milliers de kilomètres pour changer le sens d’un mot.
Oh bien sûr je ne suis pas naïf et je sais bien que la nature humaine est la même à Kaboul qu’à Paris et que ces pauvres devenus riches oublieront bien vite leurs anciens comportements ce qui prouvera, s’il en était besoin, qu’ils étaient motivés par la nécessité et non par l’intérêt général. En attentant, nous serions bien inspiré de prendre exemple sur eux et de faire chez nous ce qui se fait ailleurs et autrement !
dimanche 19 décembre 2010
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