mercredi 18 mars 2009

PAF, PAF et PAF...

Il était une fois une petite fille qui était très curieuse de la vie comme tous les enfants de son âge. Elle retenait tout ce qu’elle voyait, tout ce qu’elle entendait, tout ce qu’elle lisait. Bref comme beaucoup d’êtres qui s’éveillent elle enregistrait tout : c’était une véritable éponge.

C’était d’ailleurs le seul point qu’elle avait en commun avec son père qui lui aussi était une véritable éponge à la différence que ce dernier exerçait son talent au café de la cirrhose et de la silicose réunie car cette histoire se passait à Calais, ville minière du nord. (C’est moi qui raconte alors je décide à l’unanimité plus une voix que Calais fut une grande ville minière. Non mais !)

Ainsi dans la bonne ville de Calais vivait une petite fille qui s’appelait Perséphone car elle était née le jour du printemps. Elle vivait dans un quartier agréable au bout d’une impasse et au bord d’une petite place où elle avait l’habitude de jouer en toute quiétude car seuls les habitants du quartier y circulaient avec la plus grande prudence.

A gauche de sa maison vivait un couple de retraités qui partageait leur temps entre leur jardin potager, leurs petits enfants et le bénévolat qu’ils exerçaient dans plusieurs associations. Ils n’étaient pas sectaires et on les voyait aux restos du cœur, à la croix rouge ou au secours catholique. Aider les gens en difficulté n’était pas pour eux faire acte de générosité. C’était naturel, un peu comme une fonction biologique, comme la respiration ou la circulation sanguine. Ne pas le faire les aurait plongés dans un profond malaise. Plusieurs fois par semaine ils partaient avec leur vieille voiture chargée de cagettes de fruits et légumes de leur jardin. Et quand le jardin ne produisait pas ils allaient en acheter quelques uns au supermarché afin de ne pas arriver les mains vides. Le jardin c’était l’affaire du grand-père. La grand-mère, elle, faisait la cuisine et elle emportait souvent une grande marmite fumante dont s’échappait des odeurs appétissantes. En fin d’après-midi, le vieux couple rentrait chez lui les cagettes et la marmite vide et un peu désespéré d’avoir fait si peu.

A droite vivait un monsieur tout seul, taciturne, dont on savait peu de choses si ce n’est qu’il s’absentait souvent et qu’ils avaient beaucoup de chiens dans son jardin. Ces chiens on ne les voyait jamais c’est pour cela qu’elle fut très surprise, un matin, de voir sortir le monsieur avec un petit chien noir qu’il tenait attaché au bout d’une corde. Elle s’approcha de lui et le trouva très maigre mais elle le caressa quand même car elle adorait les animaux et ses parents ne voulaient pas en entendre parler.
-Comment s’appelle-t-il ? demanda-t-elle.
-Il s’appelle Paf lui répondit il et il partit, tirant le chien, qui aurait bien voulu rester jouer avec la fillette.


Un matin, vers dix heures, alors qu’elle jouait sur la petite place, elle entendit un grand bruit de moteur et elle eut juste le temps de sauter sur le trottoir. Une voiture de gendarmerie arriva à toute vitesse et se gara devant la maison du monsieur au petit chien. Les gendarmes descendirent et tapèrent au portail. Comme personne ne répondit ils l’enfoncèrent. Le spectacle n’était pas beau à voir. Presque tous les chiens étaient couchés, certains étaient morts de faim, attachés au bout de leur chaîne. Par l’ouverture elle vit la petite tête de Paf. Il était mort lui aussi et son petit cadavre avait été à moitié dévoré par les plus gros. Elle ne comprit pas tout de suite de quoi étaient mortes toutes ces bêtes. Les gendarmes le lui expliquèrent très vite, sans ménagement, comme des gendarmes quoi…

La nuit qui suivit fut très agitée pour la petite Perséphone. Elle voyait des chiens morts autour de son lit, elle entendait le petit Paf qui l’appelait. Elle entendait des cris sur la place et elle voyait une lumière bleue, comme un petit phare, qui balayait le plafond de sa chambre. Ce sont les cris qui l’ont réveillée. Elle ne rêvait pas, il y avait des gens qui criaient dans la rue et la lumière bleue lançait bien des éclairs. Elle s’approcha de la fenêtre et elle vit la même voiture que la veille avec les mêmes gendarmes, en tout cas ils étaient habillés pareils. C’étaient le grand-père et la grand-mère qui criaient, et d’autres voisins aussi, et ses parents aussi étaient là. Certains en pyjamas, en robe de chambre, à moitié habillé. Les gendarmes étaient nombreux. Plusieurs étaient dans la maison, d’autres avaient placés les deux retraités dans leur camion. La grand-mère pleurait. Le grand-père se débattait. Il prit quelques coups sur la tête. Les autres sortirent enfin de la maison et les trois voitures démarrèrent en trombe.

Il était une fois…...cette histoire je ne l’ai pas inventée. Je l’ai entendue en plusieurs morceaux sur France Inter la seule radio encore de gauche dans le PAF (Paysage Audio-visuel Français).

Je ne garantis pas que le petit chien noir s’appelle Paf mais je suis sûr qu’il y a beaucoup d’animaux maltraités.

J’ai bien entendu un matin, il y a peu, la radio précitée annoncer que la PAF (Police Aux Frontières) avait débarqué dès potron-minet chez un couple de retraités à Calais ou pas loin dont la seule faute était d’avoir donné à manger à des sans-papiers, d’avoir parfois rechargé leur téléphone portable et de les avoir parfois laissé se doucher chez eux…

Ma petite Perséphone chérie comment pourrais je t’expliquer que dans ton pays on puisse punir un homme parce qu’il n’a pas donné à manger à son chien et punir ses voisins parce qu’ils ont donné à manger à d’autres hommes ?

Essaie de te rendormir mon petit Cœur, c’est un mauvais rêve, ça va passer…..

3 commentaires:

Tulipe a dit…

C'est seulement un mauvais rêve ?
Alors un matin on va finir par se réveiller et ça ne sera plus qu'un mauvais souvenir ?
oh, dis moi que oui. J'ai de plus en plus de mal à m'endormir le soir et me réveiller le matin avec le sourire...

Anonyme a dit…

J'avoue que je suis un peu, voire beaucoup, comme Tulipe ! Où va-t-on Hadès ?

Hadès a dit…

Faut pas désespérer, des choses bougent et peut-être que demain les hommes vont enfin comprendre ce qu'il faut changer. Quand je parle des hommes je pense bien sûr à ceux d'en bas car ceux d'en haut....