lundi 10 octobre 2011

Du régime démocratique à la démocratie au régime

On garde tous le souvenir de nos cours d’histoire de collège où l’on nous a enseigné que les grecs avaient été les premiers à mettre en place un régime démocratique c'est-à-dire un fonctionnement politique où chaque citoyen possède les mêmes droits que les autres, où l’alternance du pouvoir existe et où la séparation des pouvoirs est déjà en germe.

Certes la démocratie athénienne n’était pas parfaite car, quand on y regarde de plus près, à la loupe, on s’aperçoit que seuls environ 10% des habitants de la cité étaient considérés comme citoyen. D’abord les femmes n’étaient pas considérées comme des citoyennes ce qui enlevait tout de go la moitié de la population, ensuite il fallait décompter les esclaves, qui eux n’étaient rien et pour finir les étrangers, les métèques comme les nommaient les grecs ce qui n’étaient pas une insulte à l’époque mais voulait simplement dire qu’ils venaient d’une autre cité. Cette addition de non-citoyen de naissance ou de destinée (pour les esclaves) constituait près de 90% de la population d’Athènes par exemple.

On pardonnera cette imperfection aux grecs car introduire l’idée même d’égalité de droits entre des hommes était plus que novatrice dans un monde où seul le glaive faisait la loi.

Depuis ces temps lointains, de l’eau a coulé dans le Styx et dans les autres fleuves de l’enfer mais il semble bien qu’une résurgence de ces fleuves de malheur soit apparue en Grèce depuis quelques mois. Certes les grecs eux-mêmes ne sont pas exempts de responsabilité dans les difficultés qu’ils rencontrent mais ils sont loin d’être les seuls. Quand les gouvernements grecs successifs ont plombé le budget par des dépenses militaires qui, en pourcentage du PIB, sont parmi les plus importantes de la planète, cela n’a gêné personne et surtout pas la France et l'Allemagne, deux des principaux marchands d’armes.


Avez-vous déjà vu que l’on fasse appel aux pyromanes pour éteindre les incendies ? Et bien c’est ce qui se passe en Grèce. Donc on va faire des économies et pas des petites mais pas sur les dépenses militaires. On annonce aux grecs qu’il faudra trois ou quatre décennies pour revenir à une situation économique normale : plus d’une génération. Où a-t-on vu qu’un peuple, avec les moyens de communication dont on dispose aujourd’hui, puisse accepter cette perspective ? Comment une génération de jeunes de 20 à 30 ans peut accepter de voir sa vie sacrifier sur l’hôtel de la rentabilité ? Est-ce que la situation peut ne pas dégénérer en troubles sociaux violents voire en guerre civile ? Je ne le crois pas. Et dans quoi peut sombrer le pays après cela ? Je ne vois que la dictature.

L’Histoire repasse les plats, encore une fois. On se souvient que le régime des colonels qui plomba la Grèce de 1967 à 1973 arriva alors que le Premier Ministre s’appelait déjà Georges Papandréou (pas le même bien sûr !). C’est vrai qu’à l’époque la guerre froide était à l’honneur et que la CIA ne se roulait pas les pouces. Les temps ont changé me direz vous. Pas tant que çà. Le mur est tombé et avec lui beaucoup d’idéaux mais les déshérités sont toujours là et ont toujours envie de changé les choses (Sont énervants les pauvres !). Alors effectivement il est plus sage de conserver à la force légitime tous ses avantages car on risque d’avoir besoin d’elle pour tirer sur la populace.

Plus au sud, depuis la fin de l’année dernière et encore en ce moment, de nombreux pays ont montré que parfois les tyrans s’effondrent, que parfois les soldats défilent crosses en l’air et mettent des fleurs dans le canon de leur fusil comme le firent les militaires portugais en Avril 1974. C’est ce que l’on peut souhaiter à la Grèce car ils sont nombreux, dans l’ombre à avoir pour objectif de mettre la démocratie au régime pour pouvoir continuer à faire des affaires.

2 commentaires:

Jeanmi a dit…

Nous avons cru longtemps que la dictature était l'ennemi de la démocratie. Aujourd’hui il y a un ennemi bien pire que la dictature : le néolibéralisme débridé. M. Waren Buffet vient de déclarer textuellement : "La guerre des classes est déclarée et c'est nous les riches qui sommes en passe de la gagner" Ce bon démocrate est actionnaire à hauteur de 16 dans les 3 agences de notations américaines. De plus il est actionnaire de Goldman-Sachs, banque qui en 1929 est à l'origine du crack boursier. Alors Hitler oui mais plus insidieux sont certains banquiers

Hadès a dit…

Tout à fait d'accord avec toi Jeanmi. D'ailleurs les mêmes qui vouaient aux gémonies la vieille URSS si privatrice de démocratie et de liberté ne voient que des avantages à faire des affaires avec la Chine. modéle à suivre en tout point pour les ultra-libéraux.