samedi 29 novembre 2008

Youpi c'est les Fêtes l!!

Mais non j'déconne et puisque je suis chez moi je vais pas me gêner, je vais me lâcher.

J'ai horreur des festivités fixées par décret fut il papal (on dit bulle ça ne s'invente pas!) alors dire que la période qui s'annonce m'horripile est un doux euphémisme. Je n'ai qu'une hâte c'est d'être début Février pour avoir passé ces putains de fêtes et ce mois de Janvier interminable où l'on balance toute la journée des vœux de bonne année (et surtout la santé) ha non j'en peux plus j'arrête, stop, finito, finish, se acabo, closed, terminator, a pus les bons vœux, a pus la bonne santé, a pus les salamalecs.

Toi, par exemple, mon nouveau boulanger du coin et que je ne détestais pas plus qu'un autre avant cette date, pourquoi faudra t il que tu aggraves ton cas en me souhaitant une bonne année le 2 Janvier au matin à l'achat de tes excellents croissants, alors que je sais pertinemment que tu n'en as rien à cirer de moi et que ce qui t'intéresse en ce moment c'est de pouvoir cueillir les faveurs de ta nouvelle petite apprentie pendant que t'enverras Maman faire les courses à la ville. Et bien saches que je ne te répondrai pas ou alors à la limite te souhaiterai je de joyeuses pâques ou un bon anniversaire histoire d'être en avance et de te perturber un peu.

Et puis ces étalages de viande morte, de chocolats plus ou moins noirs, de poisson plus ou moins frais, de sourires sur ordonnance, ces guirlandes cache misère et cache désespoir, ces lumières qui éblouissent les cœurs au point qu'on a l'impression que l'espèce toute entière a muté et n'est plus qu'un énorme estomac sur pattes, et puis ces formules à la con du genre "passez de joyeuses fêtes". Mais vous vous foutez de la façon dont je passerai les fêtes au moins autant que je me fous que vous les passiez joyeuses ou tristes à mourir. Comprenez moi inconnu (es) plus ou moins de ma personne dont la route va croiser la mienne dans quelques semaines je ne demande qu'une seule chose ; que l'on m'épargne les soldes d'amitié feinte, les fins de séries de générosité, les réductions de bonté, les ristournes d’amour bref tous ces restes de sentiments au fond du tiroir de l'année qui s'achève...

Car enfin soyons sincère un instant: à la seconde où je tape sur ce clavier, au bout du monde ou de l'autre côté de la rue, un enfant est en train de mourir et dieu permet tout çà ce qui est bien la preuve qu'il n'existe pas et moi qui existe bel et bien je me fous complètement de la mort de ce petit être puisque s'il suffisait d'un claquement de doigts pour le sauver je claquerai mes doigts mais s'il me fallait donner ne serait ce que la moitié de ma fortune le ferai je? Je n'en suis pas sûr du tout. Alors pourquoi se mentir et mentir aux autres.

Je supporte de la publicité, c'est à dire du mensonge, à longueur de journée et partout ou presque alors évitez moi les étiquettes fluo d'un vernis d'humanité! Je ne souhaite pour moi que de la sincérité ou du silence. Ha oui du silence pendant toutes les fêtes! Quel panard! J’ai quelques souvenirs de soirées mémorables où, accompagné de ma seule solitude (comme Georges), je me suis couché de bonne heure (comme Marcel), loin du bruit et de la fureur (comme William), avec un bon livre, dans un état quasiment nirvanesque (comme Bouddha)!

Je ne souhaite qu'à celles et ceux que j'aime, connus ou inconnus (car on peut bien sûr aimer des gens que l'on ne connaît pas comme certains visiteurs du soir ici ou ailleurs, à d'autres adresses..) d'être heureux partout et tout le temps et de ne pas trop s'emmerder pendant cette période de joie décrétée par et pour les marchands du temple et d'ailleurs!

Je leur souhaite d'être heureux de rien car ce rien révèle tout ce qu'ils sont, de n'offrir et de ne recevoir que des caresses, des mots , des regards, des sourires et à la rigueur un livre. De passer tout ce mois sans dépenser un euro sauf peut-être pour donner à plus pauvre que soi. D’être heureux d'être. D’être humain. Plutôt que de leur dire Joyeuses Fêtes je préfère leur dire Faites des joyeuses et des joyeux autour de vous et pas seulement pendant ces quelques jours mais à chaque seconde, à chaque palpitation de votre cœur, à chaque regard. Ne dites rien qui puisse blesser et, pour ce faire, tourner sept fois vos paroles dans votre bouche avant qu'elles ne franchissent la barrière de vos dents.

S’il vous plait aimez même si parfois il n’y a rien de plus désespérant et je sais de quoi je parle...

mercredi 26 novembre 2008

Après Martine à la ferme, Martine au Parti Socialiste

Pendant un moment cela a fait rire. C’est vrai quoi, on se serait cru à l’élection américaine de 2002. Alors j’ai bien ri. Et que je t’annonce des résultats bidons et que je te compte, décompte, recompte, raconte….Non franchement, surtout en ce moment où les nouvelles du monde sont d’une tristesse absolue, où j’ai moi-même de gros soucis je tiens à remercier les têtes du parti socialiste pour ce grand déconnage qui m’a fait voir la vie plus….rose ben ouais !

Mais la gaudriole ça va un moment et il faut bien revenir aux choses sérieuses. Bien que n’étant pas un fin analyste politique, j’ai quand même remarqué que pendant cette guerre des chefs qui s’est terminée en guerre des cheftaines, il n’a jamais été question d’idées ou en tout cas si oui elles ne sont jamais arrivées sur la place publique. L’objet de la guerre était un fauteuil. Ont elles pensé une seule seconde à l’image qu’elles ont donné du personnel politique ? Savent elles les dangers qu’il y a à laisser accroire que tous les politiques ne sont intéressés que par le pouvoir? Savent elles que cette mascarade a rajouté au désespoir de tas de pauvres gens qui n’en avaient pas vraiment besoin? Savent elles que les désespérés suivent n’importe quel drapeau? Et bien oui elles le savent car elles sont tout sauf connes les deux nerveuses en tailleur, mais le plus important n’étaient pas les idées qu’elles défendent ( car elles seraient tomber d’accord sur à peu près tout) non le plus important était de détruire l’autre.

La politique est un métier qui rapporte. Certes il faut que les politiques soient indemnisés sinon seuls les fortunés pourraient se lancer dans ce combat. Pour autant est il normal, décent, juste que l’on puisse s’enrichir en toute légalité. Non bien sûr sinon il faut s’inquiéter de notre système.

La démocratie et ce qu’elle signifie en terme d’égalité, de justice, de respect des libertés individuelles n’a rien de définitif comme un stade ultime de l’évolution des systèmes politiques. Elle peut s’arrêter demain. Elle s’est déjà arrêté par le passé. Ce qui se passe dans ce pays est très grave car on règle les problèmes en les occultant et ceux qui veulent essayer de les résoudre se font détruire.

Ce qui vient d’arriver au l’Association Droit Au Logement (DAL) résume tout ce qui se passe en ce moment. Le DAL vient d’être condamné à 12 000.00 € d’amende pour avoir monté des tentes pour les SDF sur la voie publique(SDF ça veut pas dire Samedi Dimanche et Fêtes comme le croit Carla Bruni) . Dans le même temps on apprend que plus de 200 SDF se sont installés dans le bois de Vincennes. Et c’est vrai que là ils ne gênent personne, et puis surtout ils peuvent crever de froid en toute discrétion.

On est mur pour la guerre civile car les pauvres vont devenir de plus en plus nombreux et vous verrez ce que je vous dis, ils vont avoir des exigences. Je me répète mais tant pis : salaud de pauvres!

mardi 11 novembre 2008

Papé

Chez moi dans le midi on dit Papé en tout cas quand j’étais gosse c’est comme çà que je l’appelai.. Aujourd’hui j’ai une pensée pour lui à cause de la date. Il l’avait faite cette putain de guerre. Était-elle pire que les autres ? Je n’en sais rien puisque je n’ai jamais fait la guerre. C’était quand même une belle saloperie. Je ne l’ai jamais entendu en parler et le peu que j’en sais c’est par ma mère que je l’ai appris. Il a été orphelin à 8 ans et placé par ses oncles comme berger dans l’Aveyron. Il dormait avec les moutons, dans la paille et chipait souvent le crouton au chien pour finir de se remplir le ventre.



Il est parti faire ses trois ans de service militaire en 1909 en Algérie pour en revenir en 1912 et là il a eu un petit répit de 2 ans avant de repartir pour le front. Il n’est revenu qu’au milieu de 1920 puisqu’il a rapatrié des prisonniers de guerre depuis le Danemark : j’ai retrouvé une carte postale de Copenhague de Mai 1920. Il se battait pour rien et pour personne puisqu’il n’avait plus de famille et rien qui lui appartenait. Comme les autres il est passé par tous les lieux de triste mémoire.



J’ai conservé trois souvenirs de lui. D’abord la plaque qui portait son nom et son lieu de mobilisation et qu’on lui aurait arrachée du cou s’il avait été tué, ensuite quelques lettres qu’il a envoyées à ma grand-mère, sa chère Marie et enfin un état de ses blessures établi après la guerre par la Mairie.

Je ne vais jamais aux cérémonies du 11 Novembre. La seule à laquelle je pourrais participer serait celle de Gentioux dans la Creuse où il est écrit sur le monument aux morts « Que maudite soit la guerre ».



Je garde aussi de lui l’image d’un homme peu expansif mais plein d’attention, Il avait la main leste mais ses calottes contenaient au moins autant d’amour que de réprimande Il a été viticulteur le reste de sa vie. Ce n’était pas sa destinée mais les malheurs de la vie l’ont guidé vers le midi et je crois qu’il y a été heureux.



Un jour il a eu une attaque (à l’époque on n’avait pas encore inventé les AVC…) et il n’a pas très bien récupéré du côté gauche alors il fallait l’aider pour certains gestes. Moi par exemple je lui portais sa chaufferette tous les après-midi au bistrot où il allait jouer au rami avec ses copains. Parfois il revenait au bout de 5 minutes car il s’était enguelé avec un des joueurs mais le lendemain c’était oublié.



J’aurais aimé être né plus tôt pour essayer de parler avec lui de cet enfer, avoir son témoignage. La vie ne l’a pas permis.



Je suis né dans la chambre en face de la sienne, là où il est mort une nuit de Mai 1969. Je me souviens très bien de ce jour là. J’étais en pension et le samedi matin je rentrais chez moi. Un ami de mes parents est venu me chercher à la gare et m’a posé devant la maison. Mon père m’a ouvert la porte et à mon sourire il a compris que l’ami ne m’avait rien dit. Il aurait bien aimé qu’un autre fasse le sale boulot mais çà lui est revenu. C’était normal. Il m’a dit : Papé est mort. Je suis resté comme un idiot quelques secondes avant d’éclater en sanglots. C’était mon premier deuil et mon Papé a été le premier mort que j’ai vu. A l’époque les gens mouraient le plus souvent chez eux. Dans la salle à manger il y avait un dessus de cercueil de fleurs rouges. J’avais un peu d’appréhension à aller le voir. Il était sur son lit. J’ai caressé son visage. Il était froid et dur comme une pierre. J’ai pleuré et je pleure encore en écrivant ces lignes et en pensant à lui…



Tous ces morts, lui et ceux qui ont suivi, m’ont pris chacun un peu de ma vie et je me demande ce qui palpite encore en moi…peut-être la vie de mes enfants.

samedi 8 novembre 2008

Guernica

Petite ville espagnole rendue tristement célèbre par la mort tombée du ciel nazi et aussitôt ressuscitée et immortalisée à jamais par Picasso dans son immense tableau, immense par la taille d'abord, immense aussi par l'effroi qui en ressort, immense par la violence que Picasso traduit.

Peint en quelques semaines le tableau ne sera exposé en Espagne au musée du Prado qu'après la mort de Franco. J'ai lu une anecdote sur ce tableau : un jour Picasso est au Prado devant Guernica et un touriste allemand croit le reconnaître et lui demande:
- C'est vous qui avez fait çà?
Et Picasso de lui répondre:
- Non c'est vous!

Les nazis croyaient rayer définitivement Guernica et ses habitants de la carte et Picasso les a inscrits pour toujours dans la mémoire des hommes. Ce doit être çà la victoire de l'artiste sur le barbare.

Une jeune artiste (allemande justement) Lena Gieseke, vient de réaliser une approche de Guernica en 3D. C'est une vidéo de seulement trois minutes mais c'est un pur bijou."http://www.lena-gieseke.com/guernica/movie.html"