vendredi 24 avril 2009
Besson content!
De l'eau a coulé sous les ponts, des portefeuilles ont été distribués aux plus méritants ou au plus lâches ce qui revient parfois au même. Ce que j'aimerai savoir c'est le nom du professeur de yoga du Ministre de l'Immigration parce que ce doit être une pointure dans sa spécialité le gars. Vous connaissez quelqu'un de plus souple que Besson vous? Moi pas.
J'ai creusé ma mémoire car il me fait penser à un personnage politique que tout le monde connaît mais qu'on a un peu oublié sauf si l'on est accroc d'Arte. Je veux parler de Pierre Laval, Chef du Gouvernement de Vichy et qui avant de devenir ce que l'on sait a été inscrit à la SFIO et même fiché comme militant d'extrème gauche ce que l'on sait moins.
Je ne sais pas si Besson a milité à l'extrème gauche mais il a de sérieux troubles de mémoire. Il va supprimer la "jungle", ce no man's land où attendent les clandestins candidats à une entrée discrète dans la perfide Albion. Laval avait à sa disposition les trains et les a bien remplis avec un aller simple. (Petite anecdote sordide sur la déportation des juifs et autres résistants, communistes, etc...l'administration nazie facturait à l'armée le transport des juifs en billet touristique aller simple). Besson t'as encore du boulot pour tomber dans le sordide mais t'es un bosseur, alors accroches toi, tu peux y arriver.
J'arrête là je vais vômir!
vendredi 17 avril 2009
L'olivier et la petite fille
J’ai perdu un proche. Brutalement, violemment. Nous parlions parfois ensemble de la mort, en riant. Et dans ce qu’il faut bien appeler, sans que nous le sachions alors, ses dernières volontés, il me disait vouloir être incinéré. Il l’a été.
Mais parce que le souvenir a besoin de repaire, sa famille a cherché un lieu qu’il aimait pour déposer ses cendres et planter un arbre, un olivier parce qu’arbre de la région, de la mémoire et de grande longévité.
Bien qu’il soit athée, il aimait à se promener près d’une très vieille église romane prés d’un petit village où le hasard me fera plus tard m’installer. Cette petite église au milieu des vignes, au sommet d’une colline, avec ses cyprès et un petit cimetière à ses pieds, donne à l’ensemble un air de campagne toscane. C’est un lieu magnifique. C’est là que sa femme et sa petite fille ont souhaité fixer son souvenir.
Quand cela s’est passé je me suis trouvé naturellement à m’occuper de tout ce qu’il faut faire dans ces moments là. Après la crémation nous nous sommes retrouvés chez lui pour déjeuner et redonner un semblant de vie à cette maison parce que ben oui la vie continue et c’est tant mieux.
Au milieu du repas, un agent des pompes funèbres a sonné à la porte. Je suis allé ouvrir et il m’a remis l’urne avec les cendres de mon ami. Je l’ai collée contre moi et je suis allé la mettre dans la grande armoire normande de sa chambre. Elle était encore très chaude et je ne sais si c’était la chaleur du feu ou de sa vie qui me brulait alors la poitrine.
Dans l’après-midi nous sommes allés près de l’église déposer ses cendres et planter l’olivier. C’était un petit arbre, bien proportionné.
Dans les jours qui ont suivi j’ai informé la maire de la commune de ce que nous avions fait. Il est entré dans une colère noire, me menaçant d’aller arracher l’olivier et de déposer plainte contre la veuve. Je ne savais pas que planter un arbre soit un crime si grave, Monsieur le Maire. Si un tel malheur vous était arrivé et que vous eussiez fait le même geste, qui vous en aurait voulu ? Personne bien sûr.
De l’autre côté du muret de pierres sèches qui entoure l’église, il y a une vigne. J’ai rencontré son vigneron de propriétaire et il a tout de suite été d’accord pour que nous mettions l’arbre de son côté. Qu’il en soit ici remercié.
Cette histoire s’est passée il y a cinq ans. Tous les étés j’ai arrosé l’olivier pour qu’il prenne racine. Il est bien parti et en décembre dernier il était noir d’olives. La petite fille aussi a bien grandi, elle s’appelle Adèle et c’est ma nièce. Elle dépasse sa mère d’une tête et de temps en temps, au début du printemps, elles vont passer un moment près de l’olivier, caresser son feuillage, lui parler et parler de lui.
C’est une histoire bien banale, comme on en lit dans le journal, de celles qui font nos vies, de celles qui aussi les défont. D’en parler me noue l’estomac mais je lui devais bien çà même s’il ne lit pas ces lignes. Dans ce grand malheur, je suis devenu un peu le père par intérim de cette fillette. C’est une responsabilité et aussi un bonheur de la voir à nouveau éclater de rire. J’en suis sûr aujourd’hui ; ce sont bien les enfants qui donnent la vie.
mercredi 8 avril 2009
Forza Italia!
Déjà au sommet de l’OTAN il a fait poireauter la petite Merkel pendant qu’il bigophonait avec son portable. A ce niveau là, on n’est pas loin de l’incident diplomatique. C’est tout le portrait craché du gros Bénito qui n’aurait été que comique s’il n’avait laissé autant de souffrances sur son passage.
Alors la dernière blague de Silvio c’est d’avoir déclaré que les victimes du tremblement de terre ne manquaient de rien et que, finalement, cette petite déconvenue allait ressembler à un week-end en camping. Je ne sais pas si les italiens aiment le camping mais si c’est le cas ils vont être servis. Le tremblement de terre le plus meurtrier de ces dernières années est celui survenu dans la région de Naples le 23 Novembre 1980. A ce jour tous les gens n’ont toujours pas été relogés et nombre d’assoc luttent encore pour obtenir réparation.
Silvio et Nicolas ont en commun le même mépris pour les petits, les obscurs, les sans-grade mais il y a quand même une différence entre eux c’est la manière. Autant Silvio ne cache pas qu’il se fout comme de ses premières chemises, de ses concitoyens les plus modestes autant Nicolas la joue préoccupé, à l’écoute. Bien sûr il arrive qu’en manque de Lexomil il se laisse un peu aller dans le genre « casses toi pauv’con ! ». Mais il reprend vite ses esprits et attaque dans le registre raisonnable du genre d’hier : « il est intolérable de séquestrer les chefs d’entreprise ». C’est vrai que c’est un acte de violence physique même si les intéressés n’ont pas été maltraités. C’est vrai que c’est dommage d’en arriver là mais enfin la preuve vient d’être faite que ça rapporte puisque chez Caterpillar ils ont obtenu 133 licenciements de moins et un peu plus de fric. Et si Nicolas connaît si bien la violence comment définit il le comportement des entreprises florissantes qui licencient des centaines de milliers de personnes simplement pour pouvoir distribuer encore plus de dividende à leurs actionnaires ? C’est une violence économique qui ne cache même pas son nom. Alors oui il faut prendre les salauds ou les représentants des salauds en otage si c’est la seule solution pour ne pas mourir.
Dernier point commun entre Nicolas et Silvio c’est que l’un comme l’autre vende bien leur soupe puisqu’ils ont été élus. C’est aussi çà la démocratie : la victoire du plus grand nombre même si dans ce plus grand nombre il y a une grande majorité de naïfs et je suis poli.
Il y a quelques décennies il se disait que la liberté ne serait obtenue que lorsqu’on aurait pendu le dernier curé avec les tripes du dernier patron (ou le contraire mais le résultat est le même). Avec les dernières déconnades de la vitamine B16 dont le Vatican s’est doté toutes les conditions sont réunies.
mardi 7 avril 2009
Planète en danger?
Je me suis fendu d'une belle photo pour illustrer mon propos. Un volcan s'est réveillé et a vomi sa lave brûlante pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois et puis il s'est rendormi. Pour combien de temps? Nul ne le sait. Sur leur passage les nuées ardentes (qui ont emporté les fabuleux époux Kraft), les coulées de lave, les bombes brûlantes ont tout dévasté. Il ne reste rien qui ressemble à la vie, rien qui ressemble à une trace de civilisation humaine. Seules demeurent ces trainées noires venues du centre de la terre nous rappeler que ce n'est pas l'eau seule qui fait la vie mais aussi le feu. L'éruption a fait faire à la nature un voyage dans le temps, un retour à la case départ, quand partout sur terre et sous l'eau la planète vidait son trop plein d'énergie.
Après la colère le calme est revenu. La terre est allée se faire voir ailleurs. Et avec le calme les porteurs de vie aussi sont revenus. Le premier est invisible, impalpable, présent partout: c'est le vent bien sûr. Il a emporté avec lui la pluie, les graines et les oiseaux qui sont venus eux aussi avec leurs graines déposées au hasard de leurs déjections. Et c'est reparti. Doucement d'abord puis de plus en plus vivement et l'adverbe doit être compris ici dans tous ses sens.Et un matin une petite pointe verte a été l’annonciatrice du retour de la vie.
Il paraît que dans le Sahara, du côté de Reggane, où, dans les années cinquante, la France fit des essais nucléaires en atmosphère au mépris des populations locales traitées comme des cobayes mais c’est un autre sujet, il paraît donc que la seule espèce vivante trouvée sur place après l’explosion ce furent les scorpions.
Ainsi donc la vie résiste au feu de la Terre et au feu des étoiles réinventé par l’homme. L’homo pas sapiens du tout ne met donc que lui-même en danger. Les pessimistes disent que c’est déjà trop tard. Si c’est le cas c’est bien dommage pour notre descendance perdue avant d’être née. Mais la Terre a de la ressource et d’autres formes de vie apparaîtront peut-être sans conscience puisque nous aurons prouvé que ce n’est pas très utile. Un vrai paradis pour de bon sans dieux puisque sans hommes. Enfin !
Mais non je plaisante. Bien sûr je suis comme toi. Moi aussi j’aimerai bien que l’histoire continue, que nous nous approchions lentement mais sûrement de la sagesse absolue, que nous devenions peut-être ce bon dieu que nous avons créé pour ne pas avoir à l’être. La solution est en nous. Ce sont de mauvais gestes de fourmis qui nous ont amené où nous sommes alors faisons de bons gestes de fourmis et commençons par éduquer nos enfants. L’éducation c’est d’abord l’imitation et la répétition et il n’y a pas besoin d’avoir lu Bourdieu pour savoir çà !
jeudi 2 avril 2009
Chasseur cueilleur
D’abord qu’est que le bonheur n’est pas et déjà un postulat de départ : il n’a pas sa place dans un simple confort matériel fut il absolu. Je plains ceux qui le situent là. Ils sont dans un cercle vicieux qui ne peut que les conduire à toujours plus de consommation de biens et de services, toujours plus d’empilage de ce qui plait aujourd’hui sur ce qui lasse déjà parce que acheté hier. Même si pour ceux là la pompe à fric ne se tarit jamais, tôt ou tard, un soir ou un matin, ils se retrouveront devant leur télé extra plate et extra large, devant leur grosse bagnole, leur grande maison et devant leur grande solitude. La consommation est mortifère pour soi comme pour les autres. Et si le compte en banque ne peut plus suivre alors la chute sera plus dure et plus rapide. Sans moyens pour satisfaire leur folie consommatrice ils s’estimeront définitivement passé du côté du malheur.
Le bonheur c’est ici et maintenant. Pas un état permanent qui nous ferait ressembler au ravi de la crèche, pas une quête éperdue d’un graal fuyant comme l’horizon. Non. Mais des instants, des images visuelles, sonores, olfactives ; des sensations de toucher ou de goût. Tiens à nouveau mes sens qui se rappellent à moi. Des joies de l’esprit. Et puis trois conditions indispensables à mes yeux : du partage, du partage et encore du partage.
Mes petits bonheurs du jour sont des riens du tout : la première hirondelle que j’ai vue il y a quelques jours et qui m’a fait pensé à Perséphone, les fleurs qui déboulent dans le jardin et m’invitent à faire chauffer la tondeuse, les changements d’oiseaux qui accompagnent le printemps : la huppe, les hirondelles, les loriots, le coucou, les guêpiers qui mangent mes abeilles (j’ai quelques ruches) et les martinets, derniers arrivés et premiers partis ont remplacé le rouge-gorge, les pinsons et les grives. Le ruisseau au bas de mon jardin va bientôt s’arrêter de couler et les premiers champignons vont pousser sur les vieux troncs de peupliers, les premières morilles aussi. Le seul fait d’y penser me rend heureux. Je me revois avec ma petite fille âgée de trois ans au milieu des sapins et des chênes ramasser les premiers cèpes de Juin dans la lointaine Normandie. Merde la vie est belle quand même ! Les voilà les petits bonheurs et puis dans mon collège les cris des gosses qui sont une volée de moineaux, un bouquet de fleurs, un torrent de montagne à eux seuls et qui ne le savent pas et c’est tant mieux. C’est en vieillissant qu’ils goutteront aux rires des enfants. Quand je les vois partir le soir de départ en vacances j’ai toujours un petit pincement au cœur. Sans eux pas de vie. C’est le cœur de ce grand corps qui part avec eux. Plus de bruit, plus de vie, plus de chaleur. Revenez vite les enfants, vous n’avez aucune idée de ce que vous m’apportez.
Et puis le bonheur des jolies filles que Mai et Juin vont déshabiller bien moins mais bien mieux que ne le ferait le meilleur des amants. Et le jour qui se lève de plus en plus tôt, comme moi, et qui m’offre toute cette vie devant ma terrasse où je m’installe à l’aube et où mon imbécile de chat vient se frotter contre mes jambes. Petit aparté sur mon chat : je l’ai baptisé Corto en souvenir du héros d’Hugo Pratt mais cela n’en a pas fait un aventurier pour autant. J’aurais du l’appeler Rantanplan tant il lui ressemble par l’agilité et le QI mais il est très attachant alors je l’aime bien. Gros matou (because castré) gris avec des chaussettes blanches. Incapable de grimper à un arbre sans tomber mais capable (et l’a prouvé) de marcher sur le bord de la cheminée et de tomber dans le conduit de l’insert.
Et puis le partage avec ceux que l’on aime, le partage de peu, d’un mot d’un sourire, d’une image, d’une complicité, qui vous fait éclater de rire au même moment, d’un regard qui en dit beaucoup sur des moments passés et pas toujours gais mais qu’on est heureux d’avoir franchi ensemble.
Toi aussi qui me lit ou pas, que je croise ou pas, tu as les mêmes bonheurs à portée de la main. Alors toi aussi fais toi chasseur cueilleur et tu seras plus apaisé quand tu regarderas en arrière.
Voilà comment je fonctionne, à quoi je carbure. Sans toutes ces émotions, le désespoir du monde me tuerait et je ne serai qu’une enveloppe vide. Parfois au milieu de ces instants, je trouve la lucidité de prendre quelques secondes de recul, de hauteur pour me dire : tu es bien, profites de cet instant, c’est du bonheur. Il me semble qu’alors je n’en perds pas une goutte comme le miel qui coule des rayons au moment de la récolte, lorsque l’air bourdonne d’abeilles et qu’on lèche pour éviter de le perdre.
Je suis chasseur cueilleur comme mes ancêtres mais j’ai ajouté de la philosophie à ma vie, de la sagesse, de la simplicité à mes attentes. Je prends ce qui passe, j’essaie de créer un peu de bonheur autour de moi par des rencontres, des gestes, des mots, des regards : des riens quoi. Ceux qui me connaissent savent ; Les autres doivent me prendre pour un doux rêveur et je revendique ou pour un imbécile et je m’en fous.