mardi 24 juin 2008

L'acacia, la girafe et le mathématicien

Il est 5H30, le jour se lève, le soleil ne devrait pas tarder, c’est toujours le jour qui se lève le premier , c’est lui qui prépare le café tous les matins. Parfois même l’autre feignasse ne se lève pas avant midi, parfois même il reste caché/couché pendant plusieurs jours, plusieurs semaines et même plusieurs mois parait il là-haut vers le nord.

Par la fenêtre on entend le rossignol. Il n’arrête pas le bougre. Il sait que ses jours sont comptés alors il vit à cent à l’heure. Il me fait penser à l’empressement de la nature en haute montagne : elle n’a que quelques semaines pour pousser, fleurir, se reproduire alors dès que la terre commence à se réchauffer elle explose.

On a coutume de croire que seul l’homme a une conscience, qu’il est le seul à se savoir exister, se situer dans le temps et savoir qu’il va mourir. Les autres êtres vivants ne semblent réagir que dans l’instant et tout vivre pour la première fois. Bien sûr ils mémorisent leurs expériences : ceux qui chassent par exemple vont améliorer leur technique. Mais pas de conscience dans cet enregistrement.

Changeons d’échelle et au lieu de prendre un être vivant isolé prenons un groupe : les insectes sociaux par exemple comme les fourmis ou les abeilles. Une abeille toute seule même dans les conditions météo idéales de l’été vit en moyenne 45 jours mais isolez là de la ruche et en quelques heures elle sera morte. Et à l’intérieur de la ruche, où il y a des dizaines de milliers d’abeilles règne une organisation parfaite, spartiate certes, impitoyable oui mais qui assure la pérennité de la colonie. Tout ceci relève du comportement naturel nous dit on. Soit.

Changeons d’espèces et allons faire un tour chez les végétaux. Prenons certaines variétés d’acacias qui vivent en Afrique à ne pas confondre avec les robiniers faux acacias qui vivent en Europe (n’est ce pas Perséphone ? elle confond toujours). Certaine espèce voit sa végétation sommitale souvent mangée par les girafes. Cet arbre a développé au fil du temps une défense naturelle et quand une girafe commence à grignoter ses feuilles, il émet une substance toxique et la grande dégingandée est obligée d’abandonner le buffet mais l’ingéniosité de l’arbre -et au-delà de Mère Nature- ne s’arrête pas à faire fuir la girafe. Cette substance, portée par le vent, va croiser d’autres acacias qui, réceptifs à ce qu’il faut bien appeler un message d’alerte, vont se mettre eux aussi à produire le même répulsif et inciter les girafes affamées à passer leur chemin.

Changeons à nouveau d’échelle et aussi d’espèces. Ne prenons plus un individu, animal ou végétal, ni un groupe d’individus mais la totalité des espèces mais aussi l’espace sur lesquels elles s’ébattent dans la plus grande insouciance. Bref prenons la terre dans sa globalité et qu’observons nous ? Qu’elle se comporte comme une espèce isolée, qu’elle a un comportement « naturel » -le contraire aurait été étonnant- mais que des changements brusques peuvent apparaître. Son comportement « naturel’ qu’on appelle l’évolution, s’étale sur plusieurs milliers, millions et parfois même milliards d’années et ses changements brusques sur quelques siècles et parfois même sur quelques dizaines d’années : le réchauffement climatique par exemple ressemble fort à une réaction à une agression, celle de l’espèce humaine bien sûr.

A ce stade du match je vous laisse cinq minutes pour la pose cigarette, bière, toilettes dans l’ordre qui vous plaira- pardon mesdames de ces propos très masculins- et pas machistes- mais qui ne font finalement que mettre à nu l’extrême délicatesse qui vous caractérise. Bon c’est bon tout le monde est revenu ? Messieurs c’est fini : les canettes sont ouvertes , les braguettes sont fermées et non le contraire ? Alors le match reprend.

A ce moment de la partie, je suis sûr que vous êtes en train de vous dire que ce mec fume et fume de plus en plus tôt le matin. Pas du tout et je le prouve.

Je vais essayer de mettre en adéquation ce qui précède avec une théorie mathématique assez récente –elle date des années 70- la théorie des fractales. Je vais faire simple car je serai bien em……si je devais rentrer dans les détails et je ne suis pas sûr d’être simple en voulant ne pas être compliqué (j’ai été clair là non !).

Une fractale est une forme infiniment imbriquée dans elle-même dont certaines parties sont semblables au tout. La nature nous offre maints objets fractals: une feuille d'arbre ressemble à l'arbre lui-même, un caillou évoque une montagne, un morceau de chou-fleur ressemble au chou-fleur en entier.et la Bretagne, par exemple, est un objet fractal parce que quelle que soit l’échelle à laquelle on l’observe –espace, avion, au niveau du sol- on fera les mêmes constatations sur le découpage de sa côte...La géométrie euclidienne ne pouvant pas définir avec précision ces objets naturels complexes, le mathématicien polonais –comme quoi y a des polonais qui picolent pas – Benoit Mandelbrot a développé la théorie des fractales pour décrire ces formes.

Maintenant que vous savez à quoi sert cette théorie vous vous demandez qu’elle est son utilité au quotidien : infinie et dans beaucoup de domaines comme l’informatique, la médecine, la construction, etc.…La construction par exemple : on s’est aperçu que le relief des côtes amortissait le bruit des vagues et cette observation associée à la théorie des fractales, a permis de construire des murs antibruit beaucoup plus efficaces.

Quel rapport avec tout ce qui précède ?

Raisonnons par analogie et appliquons la théorie des fractales non plus à des objets mais aux comportements que l’on observe sur terre. Nous constatons que tous les êtres vivants communiquent entre eux et que la terre, inerte, communique aussi avec le vivant qu’elle supporte – et le mot est plein de sens aujourd’hui- .Quelle que soit l’échelle à laquelle on se place sur terre il existe une communication entre tout ce qui existe vivant ou pas. Dès lors pourquoi serions-nous les seuls à avoir une conscience ? Si ce n’est à cause de notre modestie anthropomorphique qui nous pousse, comme je le rappelai au début de cette séance d’hypnose collective, à nous croire les seuls êtres pensants. La théorie des fractales , si on pouvait l’appliquer au comportement, permettrait de prouver qu’il existe une conscience collective, totale, dont la conscience humaine ne serait qu’une émanation, peut-être la plus développée –mais pas la plus raisonnable-.

C’est à cette hypothèse que je voulais en venir. Je crois que tout ce qui existe pense et participe du même mouvement. Reste à le prouver aux scientifiques dont au sujet desquels vous savez ce que je pense !

Bon ben ça me vaut rien de me lever à 5H00 du matin, moi. Je t’ai un de ces coups de barre …

2 commentaires:

Pascal Boulerie a dit…

L'exemple de l'acacia est basé sur la chimie et la physique. Il ne prouve pas la conscience...

Hadès a dit…

Il n'est pas dans mon intention de prouver quoi que ce soit. Je veux juste dire dire un ressentit, une impression, peut-être un rêve...

S'agissant de la conscience en particulier, sauf à admettre l'existence d'un démiurge qui serait l'auteur de l'étincelle première, qu'est ce que la conscience si ce n'est de la chimie? Elle s'est développée en même temps que nous et elle nous animait sûrement moins quand nous étions des homo habilis et encore moins des australopithèques. Mais nous commençons juste à comprendre le fonctionnement de notre cerveau. Ne pas expliquer un phénomène ne veut pas dire qu'il n'existe pas. Le béotien scientifique que je suis est très humble devant les chercheurs. Je ne réclame que la même modestie de ces mêmes chercheurs devant tout ce qu'ils ignorent comme devant tout ce qu'ils savent. Ceux qui sont pleins de certitude sont très dangereux!